Lors du Climate Finance Day le 28 novembre, le directeur de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) a annoncé qu’à partir de 2019, la CDC va massivement désinvestir du secteur charbonnier. Une première victoire importante de la campagne « Pas avec notre argent », portée par 350.org et Attac France.
La CDC investit dans les énergies fossiles avec votre argent
Quel est le lien entre votre compte épargne, les cotisations pour votre retraite et le développement des énergies fossiles ? La Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Institution financière publique créée en 1816, elle gère les fonds d’épargne comme le Livret A et Livret de Développement Durable et Solidaire, un cinquième des fonds de retraite publics, elle détient 50 % de la Banque Publique d’Investissement Bpifrance, et possède « en même temps » des participations significatives dans plusieurs dizaines de grandes entreprises directement impliquées dans les énergies fossiles.

En décembre 2017, le rôle de la CDC dans l’investissement des énergies fossiles avait été épinglé dans le rapport de l’Observatoire des multinationales et 350.org. Il détaille l’implication de la CDC dans l’investissement d’énergies fossiles, souvent réalisé avec l’argent issu de l’épargne des Français. L’étude détaillait par exemple que le Fonds de réserve pour les retraites permet d’investir plus de 2 milliards d’euros en actions et en obligations pour le charbon, le pétrole et le gaz.
Depuis, la CDC est visée par la campagne « Pas avec notre argent », soutenue par plus de 15 000 citoyen.ne.s.
Premier pas pour une économie décarbonée
La CDC veut maintenant accélérer sa « stratégie bas-carbone » pour s’aligner sur l’Accord de Paris. Dès 2019, elle appliquera une politique d’exclusion plus drastique des énergies fossiles, notamment grâce au désinvestissement (direct ou via des fonds intermédiaires) dans les entreprises dont l’exposition de l’activité au charbon dépasse 10 % du chiffre d’affaires.
Clémence Dubois, porte-parole de 350.org commente :
« Le désinvestissement du charbon annoncé par la Caisse des Dépôts est salutaire. Le dernier rapport scientifique du GIEC montre pourtant que la sortie du charbon n’est qu’un palliatif. Pour se doter de la politique d’investissement qui nous est vitale, pas un euro de plus ne doit aller au charbon, mais pas plus au pétrole, ni au gaz. Si la CDC veut être perçue comme un chef de file dans la lutte contre le dérèglement climatique, elle doit rompre au plus vite avec les entreprises à l’origine de la crise climatique, qui continuent de bloquer la transition en multipliant les nouveaux projets. »
De son côté, la CDC souhaite, sous forme de prêts et d’investissements en fonds propres, que la Banque des Territoires et Bpifrance mobilisent 16Mds€ d’ici 2020 pour soutenir les projets ayant un impact positif sur le climat. La CDC s’engage également à décarboner le plus possible l’ensemble de ses portefeuilles de placements financiers qui s’élèvent à 150 Milliards d’€.
« Il est urgent de reprendre le contrôle sur la finance pour la réorienter vers le financement de la transition écologique réellement juste. Pour aller plus loin, la transparence sera nécessaire : Bruno Le Maire a lui même reconnu qu’il y avait « tromperie sur la marchandise » sur le Livret de Développement Durable et Solidaire, qui finance encore le secteur du gaz et du pétrole et dont l’essentiel est géré par la CDC. La prochaine étape essentielle à franchir est donc de désinvestir complètement des énergies fossiles l’épargne populaire des 24 millions de titulaires d’un LDDS dans les plus brefs délais » ajoute Raphaël Pradeau, porte-parole d’Attac France.
A travers la campagne « Pas Avec Notre Argent », les ONG et la société civile veillent à ce que les déclarations de la Caisse des Dépôts soient bien suivies d’actes concrets.
Crédit Photo à la une : Leemage / AFP