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La Californie devient le premier État à interdire la vente de fourrure

La Californie, État connu pour ses étendues de monoculture de Central Valley, devient le premier État à interdire la vente et la fabrication de nouveaux articles de fourrure. Un acte qui accompagne le mouvement initié par d'autres villes.

Quand on parle d’environnement et des États-Unis, c’est en général pour annoncer des chiffres record d’émission de CO2 ou de gaspillage. Mais ce pays qui composé de 50 pays détient le meilleur et le pire dans la lutte pour la préservation du vivant.  

Aux États-Unis, les États sont souverains en terme de politique environnementale. Même si une politique fédérale est souhaitable pour être plus efficace, la marge de manœuvre reste grande. La Californie, État connu pour ses étendues de monoculture de Central Valley, devient le premier État à interdire la vente et la fabrication de nouveaux articles de fourrure. Un acte qui accompagne le mouvement initié par d’autres villes.

En 2011, West Hollywood interdisait la fourrure, et plus récemment San Francisco en 2018. Car aux États-Unis, les pouvoirs locaux sont bien plus indépendants qu’en Europe. On se souvient des États (dont la Californie) et des villes qui, au lendemain du retrait des États-Unis de l’Accords de Paris, déclarèrent qu’elles respecteraient ces accords indépendamment.

La Californie s’est engagée à produire une énergie 100 % propre d’ici 2045, 50 % venant d’énergies renouvelables d’ici 2025. Avec ses 40 millions d’habitants et son statut de 6ème économie mondiale, la Californie pèse. 

La nouvelle loi prendra effet en 2023. Elle accompagne une série de mesure parmi lesquelles un projet de loi interdisant l’utilisation d’animaux sauvages dans les cirques (c’est-à-dire tout animal excepté les chats chiens et chevaux), emboitant le pas aux États du New Jersey, New York et Hawaï, l’Illinois ayant seulement banni les éléphants. Déjà les animaleries peuvent seulement vendre des animaux abandonnés. 

La loi prévoit l’interdiction de l’activité des trappeurs. Mais gardons-nous de généraliser et de simplifier l’enjeu de protection des animaux. Car en matière de protection du vivant, tout n’est pas noir ou blanc, gentil ou méchant. Si en Californie les trappeurs ont contribué à l’éradication de nombreuses espèces, dans d’autres États ou bien encore au Canada, ils sont essentiels au maintien des équilibres (voir le film « Le dernier trappeur » de Nicolas Vanier, 2006). Habiles connaisseurs des territoires tendant vers un mode de vie en harmonie avec le vivant, ils trappent les animaux les plus faibles ou en surnombre, permettant une meilleure survie de l’espèce, et ont joué pendant des décennies le rôle de prédateur essentiel à l’équilibre de tout le vivant, au même titre que les loups trop souvent chassés et exterminés. 

D’autre part, les Amérindiens, dont le plus grand nombre est concentré en Californie, bien que ne vivant plus en mode nomade, trappaient et utilisaient les peaux d’animaux pour se chauffer. La loi prévoit une disposition pour autoriser la vente de fourrures usagées et celle à usage rituel et religieux. Si nous n’en sommes plus là, on peut se demander si nos esprits de citadins écolos peuvent encore faire la place à ces peuples autochtones qui entretiennent un lien de respect à l’animal qui les nourrit, leur permet de se vêtir et de s’abriter. 

Crédit photo : Gary Bendig

L’industrie de la vente de fourrure pèse 40 milliards d’euros et emploie plus d’un million de personnes dans le monde. Si elle a doublé ces dernières années, ce n’est pas que la fourrure devient de plus en plus populaire, mais qu’une nouvelle demande est née : celle de la Chine. Au contraire, dans la plupart des pays dans le monde, elle recule ou est tout simplement interdite. Le bien-être animal devient de plus en plus pris au sérieux, et la protection des animaux, en particulier des mammifères, est le premier « appât » attendrissant pour sensibiliser les gens à la protection du vivant. Au point qu’on en arrive à des positions parfaitement assumées de personnes refusant de manger de la viande mais mangeant du poisson, ou encore ne mangeant plus d’animaux mais continuant à consommer de l’huile de palme ou des fruits hors saison cultivés dans des zones éradiquant les habitats naturels où vivent les animaux. 

On peut prédire que l’interdiction de la vente de la fourrure s’étendra progressivement dans le monde et nous en réjouir. Mais gardons à l’esprit qu’elle signe d’un même trait la fin de deux mondes, celui de l’exploitation industrielle cruelle et sans mesure des animaux pour satisfaire un caprice de luxe, et celui de l’insertion de l’humain dans un écosystème où l’animal tué est respecté et remercié. Un lien hautement plus naturel que celui que beaucoup de citadins végétariens entretiennent avec leurs animaux de compagnie.  

Sarah Roubato

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