L’Australie met en place un système extraterritorial en isolant ces réfugiés sur une île. Ce système, mis en place depuis 2012, a poussé Amnesty International à mener des recherches sur les conditions et droits de l’homme dans ces centres de traitements.
Quand le gouvernement australien isole les réfugiés
C’est sur l’île de Nauru que Anna Neistat, directrice des recherches pour Amnesty International, s’est rendue afin d’enquêter sur les violations des droits humains. Un rapport intitulé « Island of Despair » a découlé de ses recherches et dénonce la politique de traitement et les conditions des réfugiés et demandeurs d’asile interceptés et transférés sur cette île par le gouvernement australien. Plus de 400 réfugiés vivraient sous des tentes avec des températures avoisinant les 50° sur cette île au large de la Papouasie-Nouvelle Guinée. Cette enquête menée avec plus de 100 personnes montre que l’Australie soumettrait les réfugiés à une « stratégie de dissuasion » depuis 2012, en les isolant dans des conditions dégradantes. Du fait de la nature nuisible et abusive du système et de l’objectif d’intimidation voulu par l’Australie, ce régime correspond, d’après Amnesty, à la définition de torture inscrite dans le droit international.
Le Premier ministre Malcolm Turnbull, assure que le gouvernement australien doit maintenir un « système de traitement extraterritorial très ferme ». En 2014, alors ministre des communications, Malcolm Turnbull s’était exprimé sur le sujet de Nauru : « Nous avons pris des mesures rudes, certains diraient même cruelles… (mais) le fait est que si vous voulez mettre un terme au trafic d’êtres humains, il faut faire preuve d’une fermeté sans faille. »

« Quant aux autorités australiennes, elles mettent en avant ce système et ces pratiques afin de dissuader les autres demandeurs d’asile d’entrer clandestinement dans le pays. »
Les entreprises qui tirent profit de ce système
Le gouvernement australien aurait dépensé des milliards de dollars pour créer et maintenir ce système de traitement extraterritorial. D’après le bureau australien d’audit national, cette gestion coûterait plus de 390 000 euros par personne et par an. Cet argent serait majoritairement utilisé pour payer les diverses entreprises dont le gouvernement utilise les services à Nauru.
Parmi ces entreprises qui tirent profit de ce système, une multinationale est pointée du doigt. Bien que Broadspectrum (société de maintenance de gestion d’actifs et développement d’infrastructure) ait déclaré « ne pas gérer les centres de traitement des réfugiés », les recherches menées par Amnesty montrent que cette société gère au quotidien les réfugiés. Ayant été rachetée par l’entreprise espagnole Ferrovial en 2016, celle-ci serait également liée à la gestion.
Les sociétés sont accusées de participer à ce système. On peut se demander pourquoi les sociétés continuent de fermer les yeux sur les violations des droits mis en place par le gouvernement, mais il suffit de se tourner vers les profits engendrés. Broadspectrum a dégagé 1,2 milliards d’euros pour l’année fiscale 2016. De son côté, Ferrovial a gagné 1,4 milliards de recettes provenant de Broadspectrum depuis son rachat. De plus, le contrat de Broadspectrum avec le gouvernement australien s’élève à 1,8 milliards d’euros (sur trois ans et demi). Bien que Ferrovial a déclaré qu’elle ne renouvellerait pas son contrat à son expiration en octobre 2017, un appel d’offre sera lancé par le gouvernement. Amnesty International encourage toutes les entreprises à ne pas y répondre et précise que sans leur aide le gouvernement ne pourrait mettre en place une telle organisation.
Ce débat remet également en avant la question de l’accueil fait aux réfugiés à travers le monde et invite à réfléchir sur l’action que nous pouvons porter face à nos politiques et les actions internationales telle que le décret anti-réfugiés de Donald Trump mené aux Etats-Unis.

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