Interviewé par Les Echos, le directeur général France de KFC, Frédéric Levacher, a annoncé que la firme américaine prévoyait d’ouvrir 300 nouveaux restaurants en France d’ici 2025. De quoi donner la chair de poule…

Les clés du succès

KFC est l’un des leaders international dans l’industrie du fast-food. Créé en 1939 par le colonel Harland Sanders, la chaîne de restauration rapide est réputée pour ses recettes à base de poulet frit. Avec plus de 8 millions de clients servis chaque jour au sein des quelques 18 000 restaurants autour du globe, le succès de KFC est indéniable, mais à quel prix ?

« Je pense que c’est épouvantable »

En 2015, Raymond Allen, un ancien ponte de KFC en Angleterre, décriait l’évolution lamentable de la chaîne ces dernières années. Si son témoignage est aussi révolté qu’évasif, c’est aussi parce que les fameuses recettes de KFC sont tenues secrètes. Mais à l’entendre regretter le temps où « on utilisait seulement du poulet frais » et dire avec appoint : « il y en a là où je vis maintenant. Mais je ne compte pas y aller ni y manger. Je pense que c’est épouvantable », on se doute que la firme qui ne cesse de vanter la qualité de ses produits a peut-être des choses à cacher.

KFC rime-t-il avec qualité ?

En France notamment, consciente d’une demande de plus en plus élevée de produits de qualité, l’enseigne se targue de ne se fournir qu’auprès d’exploitants européens (France, Pays-Bas, Allemagne, Pologne), ayant « fait l’objet d’une sélection rigoureuse, respectant notre cahier des charges et nos critères de qualité ». Leur site précise également que les poulets sont élevés dans « des bâtiments de grande taille afin de leur permettre de grandir dans des conditions optimales » qui respectent « la réglementation européenne relative au bien-être animal », et sont nourris avec des variétés de céréales mélangées.

Pourtant, loin de l’image d’Epinal que cherche à véhiculer l’enseigne, les associations n’ont eu de cesse de s’insurger contre KFC concernant les conditions de vie des poulets vendus dans les restaurants. Un site internet créé par PETA détournant l’image de la marque, a ainsi reçu le soutien de nombreux acteurs et artistes américains pour boycotter ce géant du fast-food. Même si les conditions d’élevage ne sont sans doute pas les mêmes, il faut souligner que KFC France s’est fourni pendant plusieurs années auprès du groupe Doux. Or, L214 a publié hier une vidéo montrant les conditions atroces dans lesquels sont élevés ces poussins séparés de leurs mères, entassés, nourris jusqu’à ce que leur corps soit disproportionné, puis abattus après un mois d’existence seulement…

L’argument des emplois locaux

L’objectif de KFC est alors d’augmenter de plus du double (de 200 aujourd’hui à 500 d’ici 2025) le nombre de restaurants en France. Malgré un climat qualifié de « morose » par Frédéric Levacher lui-même, celui-ci espère que la légère hausse de la consommation d’environ 1,4% par an et le renforcement des opérations de communication (leur partenariat avec l’équipe française de foot par exemple), leur permettra d’envahir les centre villes après s’être longtemps contentés des zones périphériques.

Pour défendre ce projet, le directeur général met en avant la création d’emplois locaux : avec les 300 nouveaux restaurants, KFC permettrait d’employer en tout 25 000 personnes. Très bien. Mais pourquoi continue-t-on à croire que seules les méga-firmes américaines permettent de créer de l’emploi ? Des services de restauration qui se fourniraient auprès d’agriculteurs locaux et qui ne serviraient pas de la malbouffe par kilo ne seraient-ils pas aussi créateurs d’emploi ? Ne seraient-ils pas plus désirables ?

Evidemment, c’est toujours la loi de l’offre et de la demande qui règne en maître. Tant que la demande existera, ces firmes continueront de gonfler. Alors à nous d’entretenir ce climat « morose » et de développer l’alimentation saine et responsable !

Pour commander notre Manifeste, cliquez sur l’image !