Après 10 ans de batailles administratives, l’interdiction des sacs plastiques vient de passer au Kenya. C’est notamment grâce au combat de Judy Wakhungu, ministre de l’Environnement, que l’intransigeante loi est entrée en vigueur ce lundi.
Plus de temps pour la demi-mesure !
Dès ce lundi, toute personne qui produit, vend ou transporte un sac plastique dans ce pays de l’Est de l’Afrique peut se voir administrer une amende allant jusqu’à 38 000 $ et une peine maximale de 4 ans de prison. Cependant, la ministre a assuré que « les monsieur et madame Tout-le-monde ne sont pas visés », contrairement aux vendeurs et producteurs. Pour le gouvernement, plus de temps pour la demi-mesure ! En effet, les Kenyans utilisent environ 24 millions de sacs plastiques par mois, du moins jusqu’à aujourd’hui. Les impacts sont multiples : la pollution de l’environnement, la préciosité des ressources permettant sa production et l’impact sur la santé sont autant d’éléments dont on connaît les effets négatifs depuis des lustres.
Lutter contre l’entrée du plastique dans la chaîne alimentaire
Comme le dit si bien Habib El-Habr, expert des fonds marins, travaillant sur le programme environnemental des Nations Unies au Kenya :
« Si nous continuons ainsi, en 2050, nous aurons plus de plastique que de poissons dans l’océan. »
En effet, un sac plastique prend son temps pour se dégrader ! Il lui faut entre 500 et 1 000 ans avant de disparaître et avec le rythme mondial de consommation de matières plastiques, ces dernières entrent peu à peu dans la chaîne alimentaire via les poissons ou même le bétail qui les ingèrent. Le vétérinaire local de Nairobi, Mbuthi Kinyanjui explique que certains bœufs peuvent consommer par erreur jusqu’à 20 sachets plastiques ! « C’est quelque chose qui aurait été impensable il y a dix ans, mais aujourd’hui, cela arrive presque quotidiennement ».

Perspective de création d’emplois
Le gouvernement et les associations de protection de l’environnement ont rencontré bon nombre d’obstacles pour faire passer cette loi. Entre autres, les producteurs de sachets plastiques s’y sont opposés en déplorant la suppression de milliers d’emplois. Judy Wakhungu a essuyé d’un coup de manche cet argument en expliquant que plusieurs milliers d’emplois seront créés grâce à la production de sacs réutilisables et/ou à partir de matériaux biodégradables. Ceux qui arriveront de l’aéroport avec des sacs plastiques devront les laisser sur place et les consommateurs pourront acheter à bas prix (10 US cents) des sachets biodégradables.
Un exemple local ou une tendance mondiale ?
Via ces mesures, le Kenya est devenu le pays le plus intransigeant en termes de politique sur les sachets plastiques. Il rejoint la liste des pays ayant une législation de plus en plus ferme contre ces sachets polluants, dangereux pour la santé et l’environnement ; s’y trouvent déjà une quarantaine de pays dont la Chine, la France, le Rwanda ou encore l’Italie. Pour Judy Wakhungu, ce n’est qu’une première étape ; en plus de changer radicalement les habitudes des Kenyans, elle compte bien faire figure d’exemple pour le reste des pays d’Afrique de l’Est et du monde.
Crédits photo : TreeHugger

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