Israël s’appuie sur la loi « anti-boycott » votée par la Knesset (assemblée israélienne) afin de sanctionner Amnesty International, appelant au boycott des produits de la Cisjordanie occupée. L’étau se resserre un peu plus.
Etape par étape
Le gouvernement Netanyahou a toujours été plus ou moins évasif sur son soutien à la colonisation de la Cisjordanie. C’est en 2011 qu’il assume pleinement et officiellement cette politique via une loi interdisant les appels au boycott des colonies. En effet, l’Assemblée à estimé que le boycott des « colonies israéliennes » telles que la « Judée-Samarie » (Cisjordanie occupée) était lié au boycott d’Israël.

Crédits : Ryan Rodrick Beiler / ActiveStills
« La définition démocratique d’Israël réduite à une notion formelle »
A cette époque, les démocrates israéliens s’étaient indignés dans les médias nationaux et les ONG n’avaient pas caché leur stupéfaction en faisant appel à la Cour Suprême qui n’a finalement pas invalidé ce texte. Le leader de gauche, Yossi Beilin s’était alors exprimé auprès du quotidien Israel Hayom à propos de cette nouvelle étape de l’oppression du gouvernement.
« La définition démocratique d’Israël est progressivement réduite, sous le leadership de Nétanyahou, à une notion formelle ».
Ce qui n’est pas peu dire lorsque 7 ans plus tard, une fois l’indignation retombée, le gouvernement applique durement cette loi en dirigeant des sanctions exemplaires contre Amnesty. En mars dernier, la Knesset en rajoute une couche en interdisant purement et simplement l’entrée du territoire aux partisans assumés du boycott des produits provenant des colonies (militants du mouvement Boycott Desinvestissement Sanctions ainsi que des membres identifiés par une branche du ministère de la Sécurité intérieure).
L’extrême droite exploite la faille
Hier, mardi 12 septembre, Amnesty International a été condamné sur des plaintes provenant d’organisations d’extrême droite « favorables à l’annexion des territoires palestiniens, d’associations de colons, ainsi que de chefs d’entreprises installés dans différentes zones industrielles des territoires occupés, lesquels redoutent évidemment de perdre des commandes » décrit Nissi Behar, correspondant pour Libération à Tel-Aviv. Ces plaintes ont été émises à l’occasion de la campagne lancée par Amnesty pour le 50ème anniversaire de la guerre des Six jours à travers laquelle l’association à appelé au boycott des colonies israéliennes.

Une éminente interdiction d’entrée sur le territoire pour Amnesty ?
Ainsi, Amnesty Israël perd ses avantages et réductions fiscales ; également, les citoyens israéliens adressant des dons à Amnesty International ne pourront plus bénéficier d’un abattement fiscal. Les défenseurs de cette loi avaient exprimé en 2011 qu’elle avait vocation à « pourrir la vie des organisations ennemies d’Israël » de l’intérieur en leur coupant tout simplement les vivres. Des cadres de l’ONG Human Rights Watch avaient déjà été visés par l’interdiction de territoire votée en mars et une équipe de juristes a été chargée de se pencher sur l’ajout des responsables d’Amnesty International à la liste noire.
Crédits photos : THOMAS COEX / AFP

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