Décrits comme agressifs, les ours polaires de l’archipel de Nouvelle Zemble n’ont pas laissé d’autre choix aux autorités que de décréter « l’état d’urgence ».
Comportements inédits
L’archipel en mer de Berents, peuplé de 3 000 personnes, s’est vu confronté à une présence inédite d’ours polaires depuis décembre 2018. Pas moins d’une cinquantaine d’ours se seraient rendus à Belouchia Gouda (« La Baie du Béluga »), le plus grand village des îles. « Je suis en Nouvelle Zemble depuis 1983, et je n’ai jamais vu une invasion si massive » explique le chef de l’administration de l’île, Jigancha Moussine.
« Les ours attaquent les gens et pénètrent les immeubles d’habitation et de service. Entre six et dix ours polaires se trouvent en permanence sur le territoire du village. Les gens sont effrayés, ils ont peur de sortir de leur maison (…), les parents ont peur de laisser leurs enfants aller à l’école », explique son adjoint Alexandre Minaiev.
Selon les biologistes, les ours polaires sont estimés à 2 800 dans cette région, passant de l’archipel du Svalbard à celui de Nouvelle-Zemble et ne présentent habituellement aucun problème. Cependant, cette situation est inédite comme l’explique le spécialiste de l’ours polaire Rémi Marion :
« Actuellement, selon la carte des glaces du Norvegian Ice Services, il n’y a pas de banquise à l’ouest de l’île, ce qui est assez anormal pour la saison. Ainsi les ours ne peuvent pas aller et venir vers Svalbard ni chasser les phoques dont ils ont besoin».
Conséquence du réchauffement climatique
La présence et le comportement des ours n’est autre qu’une tentative d’adaptation pour ces « réfugiés climatiques ». Victimes du réchauffement climatique et de la fonte des glaces dans l’arctique, leur territoire se voit diminué. Privés de leur environnement naturel et mis à l’épreuve lors de longues traversées, les ours se voient contraints de rechercher de la nourriture dans de nouvelles zones.

Selon une étude scientifique américaine publiée en février 2018 dans la revue « Science », la hausse des températures met clairement en danger cette espèce. La population d’ours de la mer de Beaufort aurait diminué de 50 % entre 2007 et 2017. Pour rappel, les scientifiques annoncent que l’ours polaire pourrait bien disparaitre d’ici la fin du siècle en raison de la fonte des glaces. Pour le moment, les autorités tentent de chasser les groupes d’ours en dehors des villes à l’aide de véhicules de patrouilles sans grands résultats. Selon un communiqué des autorités, si le recours à des signaux lumineux et sonores n’aide pas à résoudre le problème, l’étape suivante serait alors d’abattre les animaux pourtant classés comme « espèce en danger et interdite de chasse ».
Bien que l’agence fédérale russe chargée de la surveillance de l’environnement refuse tout abattage, celle-ci a décidé d’envoyer dans l’archipel une commission afin d’évaluer la situation et les solutions à mettre en place.