Restrictions, réglementations et perte d’autonomie
Les graines et semences restent une problématique agricole importante pour l’autonomie des producteurs que la qualité des produits. Malheureusement, depuis des années les trois quarts des fruits, légumes et céréales ont disparu, laissant place aux variétés « hybrides » de l’industrie agrochimique.
Avec la disparition des petites exploitations, la culture du « rendement à tout prix » et de l’industrialisation du secteur, 90% des graines semées en Europe appartiennent aujourd’hui à 5 entreprises. Ces groupes contrôlent à eux seuls l’alimentation de tous et privent les producteurs d’autonomie, empêchant même les agriculteurs les plus démunis de réellement tirer profit de leurs exploitations.
En effet, jusqu’à aujourd’hui, le système ne permettait pas aux producteurs de récupérer les graines de leur propre récolte afin de les vendre ou de les utiliser. Ainsi les grands groupes semenciers imposent leur sélection arbitraire, plus chère et artificielle, maintenant les producteurs dans la dépendance, avec des conséquences imprévisibles pour la biodiversité mondiale. En effet, les semences vendues par des groupes, tels que Monsanto, sont créées pour être très productives la première année seulement, obligeant ainsi le rachat de semences chaque année pour les producteurs.
Les revendications du secteur agricole depuis des années étaient donc de rendre de l’autonomie aux producteurs, de réintroduire des variétés anciennes, plus saines et nutritives mais également de répondre à l’appel des communautés rurales des pays les plus pauvres, en partageant les semences biologique de variétés potagères « libres de droits et reproductibles ». Cet effort se heurtait jusqu’ici à un “cahier officiel”recensant les seules variétés pouvant être commercialisées.
La vente des semences paysannes autorisées par l’UE
Le 19 avril, après de longues années de batailles, le parlement européen a mis fin au décret de 1981 interisant la commercialisation des semences paysannes non répertoriées. Les eurodéputés ont voté dans le sens des agriculteurs bios « dans un souci de préservation de la sécurité du consommateur ». Cette législation permettra lors de sa mise en vigueur en 2021 « la commercialisation de semences traditionnelles et encouragera les paysans bios à réutiliser leurs propres semences », et « la reproduction végétale de matériel hétérogène biologique ».
Selon l’eurodéputé Eric Andrieu « le monde du vivant était cadenassé par la réglementation actuelle au profit de quelques grandes multinationales. Il est urgent de rééquilibrer la chaîne alimentaire et d’arrêter de dérouler le tapis rouge devant les oligopoles de l’agrochimie » faisant référence à Monsanto et DuPontDow.
Les producteurs se voient ainsi libres de créer leurs propres variétés, ce qui pourrait répondre à la menace environnementale. En effet, 75% des aliments de la planète proviennent de 12 espèces végétales et de 5 espèces animales.

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