Les films de science-fiction tels que Black Mirror ou encore Minority Report sont en bonne voie pour devenir réalité. Après la mise sur pied de son système de notation sociale basé sur le big data et la surveillance, la Chine souhaite désormais utiliser l’intelligence artificielle pour prédire et prévenir les crimes.
Minority Report en vrai
Les autorités chinoises viennent d’ajouter un système de reconnaissance faciale au réseau national de caméras de surveillance. Ce réseau est composé de 176 millions de caméras, soit plus du double du parc de caméras américain. A ce jour, ce système est utilisé aux Etats-Unis afin d’identifier les criminels ou les terroristes présents sur le territoire en se basant sur les dossiers des personnes recherchées ; la surveillance permanente du reste des citoyens étant également possible. Grâce aux recherches menées sur l’intelligence artificielle, il est devenu possible de reconnaître des personnes recherchées en se basant sur des photos vieilles de dix ans ou plus.
Si ce système nous fout déjà les jetons, ce n’est que de la pacotille face à l’application chinoise. En brandissant la fameuse carte de la « sécurité nationale », tel un argument imparable, le gouvernement chinois a décidé depuis le 20 juillet 2017 d’utiliser l’intelligence artificielle pour prédire les crimes à venir. Cette nouvelle technologie sera bientôt présente dans une dizaine de villes sur le territoire. En combinant le logiciel de reconnaissance faciale (qui est déjà à un niveau d’intrusion assez affolant) et l’analyse des mouvements et comportements de l’ensemble des citoyens, le gouvernement compte bien mettre la main par avance sur les criminels ou terroristes en devenir.

« Dommages collatéraux » à venir
Il faut alors éviter de prendre les transports en commun après avoir acheté une arme ou après avoir acheté une pelle et une bâche dans la même journée au risque de se faire épingler. La société chinoise spécialisée dans la reconnaissance faciale Cloud Walk Technology travaille étroitement avec les autorités chinoises afin de faire naître ce petit bijou de despotisme.
Le porte-parole de l’entreprise rassure fièrement les risques de dérives du logiciel :
« Bien sûr, si quelqu’un achète un couteau de cuisine, il ne sera pas suspect. Mais s’il achète un sac et un marteau dans la foulée, il sera suspecté. »
Au temps pour nous ! Une fois le risque potentiel évalué, les autorités sont averties automatiquement afin d’intervenir rapidement (potentiellement dans un foyer qui voulait juste se faire un bifteck, déblayer les feuilles de l’allée et réparer sa porte dans la même journée du coup ?)
Le big data au cœur du système
Une fois de plus, le big data occupe une place centrale dans le déni complet de toute forme de vie privée citoyenne. En effet, les données récoltées via les entreprises, les banques, les systèmes de surveillance et surtout via Internet, vont permettre au logiciel de « classer les groupes d’individus suspects en fonction de là où ils vont et de ce qu’ils font ». Gare aux fesses des antisystèmes !
Suite à la prise de décision du gouvernement lors du conseil des affaires d’Etat, Li Meng, vice-ministre des sciences et de la technologie, a expliqué :
« Si nous utilisons correctement l’intelligence artificielle, nous serons capables de savoir à l’avance qui pourrait être un terroriste, qui pourrait faire quelque chose de mauvais. »
Hypocrisie mal placée
Le gouvernement chinois est vraiment adorable de vouloir protéger ses citoyens des attaques terroristes, surtout lorsque ses propres répressions font plus de morts que les quelques attaques perpétrées en Chine ces 10 dernières années. Aujourd’hui, l’intelligence artificielle utilisée avec le système de surveillance chinois est déjà capable d’analyser les comportements suspects selon la manière dont les citoyens déambulent dans les rues : technique pratique pour repérer ceux qui s’adonnent au vol par exemple !
Nous n’en sommes qu’aux prémisses
L’IA est tout simplement la flamme qui manquait au gaz déjà toxique de la surveillance gouvernementale chinoise. Et cela, la Chine l’a bien intégré : elle se veut pionnière des technologies d’intelligence artificielle afin d’opérer un contrôle toujours plus important sur sa population… pardon ! d’augmenter considérablement le niveau de vie de ses citoyens modèles. Classé parmi les plus gros budgets de l’innovation chinoise (près de 150 milliards de dollars injectés aux entreprises), ce qui est considéré comme un moteur pour la croissance économique repousse toujours un peu plus loin les limites de la vie privée.

Cela fait déjà six ans que le moteur de recherche chinois, Baidu, travaille ardemment sur l’IA ; l’entreprise a déjà notamment développé un programme de recherche d’enfants disparus, des services au sein des lieux touristiques afin de contrôler les allers et venues des individus ou de « l’optimisation de service », comme KFC qui propose des menus à « la tête du client ». La population chinoise, qu’elle le veuille ou non fait désormais partie des cobayes du laboratoire d’expérimentation de la surveillance poussée et l’IA que représente leur pays.
De plus en plus de sonnettes d’alarmes sont tirées, notamment par les méga-entrepreneurs Elon Musk ou Bill Gates ou certaines organisations pour la défense des droits de l’Homme : l’intelligence artificielle doit être encadrée de manière universelle au risque de détruire ce qu’il nous reste d’humanité.

Pour commander notre Manifeste, cliquez sur l’image !