En 2014, la journaliste Sophie Ansel confiait au Monde Diplomatique que « les Rohingyas allaient être amenés à disparaître de Birmanie ». Plus de trois ans plus tard, cette triste prophétie semble se réaliser. Les Rohingyas, victimes de persécutions ultra-violentes, sont forcés à quitter le territoire birman, et à une fuite vers le Bengladesh. Des centaines de milliers de personnes subissent cet exil forcé. D’abord accueillante, la politique migratoire du Bangladesh a légèrement changé depuis quelques semaines et semble se durcir : dernier projet en date, installer 100 000 Rohingyas sur l’île de Thenger Char, une île isolée et « sujette à des inondations » selon Amnesty International.
Un « projet monstrueux », voici comment l’Organisation non gouvernementale (ONG), Amnesty International a qualifié, jeudi dernier, le plan migratoire du gouvernement bangladeshi pour gérer la crise Rohingyas. Celui-ci prévoit, pour un coût avoisinant les 280 millions de dollars, d’installer plus de 100 000 réfugiés sur une île à haut risque. Elle est en effet inondable, en particulier pendant la période de la mousson, et éloignée de tout, ce qui empêcherait l’aide et l’action de certaines associations humanitaires.

Ce projet s’inscrit dans un changement de cap dans la politique bangladeshi concernant les Rohingyas. D’abord bienvenue (on parle de plus de 600 000 personnes accueillies), la communauté musulmane de Birmanie est aujourd’hui de plus en plus rejetée par les autorités locales. Outre le projet brièvement décrit précédemment, un accord entre les deux pays a également été signé. Son but, renvoyer 700 000 Rohingyas en Birmanie.
Cet accord serait désastreux pour cette communauté musulmane, très largement minoritaire dans la population birmane (en majorité bouddhiste). Victime d’une politique étatique de discrimination raciale, cette population est considérée par l’ONU comme l’une des plus persécutées au monde. Les persécutions (viols, homicides…) sont d’une violence inouïe, (et renvoyer les Rohingyas en Birmanie sans aucune mesure pour assurer leur bien-être et leur sécurité serait un désastre aux risques immenses.
Une intervention de la communauté internationale accompagnée d’un changement de politique du gouvernement bangladeshi permettrait, peut-être, d’éviter d’aggraver encore plus, ce que certains appellent déjà, un « crime contre l’humanité ».

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