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Inégalités mondiales : il y a « une urgence à agir »

Comme un symbole, c’est deux semaines après le rapport du groupe d’experts indépendants sur le SMIC qu’une centaine d’économistes ont publié leur rapport sur les inégalités mondiales entre 1980 et 2016. Et les conclusions sont sans équivoques : la part des 1% des plus haut revenus augmente dans le revenu mondial, dépassant la barre des 20%. […]

Comme un symbole, c’est deux semaines après le rapport du groupe d’experts indépendants sur le SMIC qu’une centaine d’économistes ont publié leur rapport sur les inégalités mondiales entre 1980 et 2016. Et les conclusions sont sans équivoques : la part des 1% des plus haut revenus augmente dans le revenu mondial, dépassant la barre des 20%. En parallèle la part des 50% des plus bas revenus stagne toujours sous les 10%. Plus explicitement, prenons un exemple : 100 personnes se partagent un revenu de 1000 euros sur les bases de la répartition mondiale des revenus. 1 personne (qui représente ici les 1% des plus hauts revenus) gagnera 210 euros, et 50 individus (ici les 50% des bas revenus) se partageront 95 euros, soit en moyenne 1,9 euros par tête… et plus de cent fois moins que notre première personne.

Dans son livre Le Capital au XXIème siècle, Thomas Piketty avait déjà mis en exergue la hausse des inégalités dans le monde, et en particulier aux Etats-Unis. Cette hausse était en grande partie due à l’accumulation du capital par les plus aisés qui leur permettait d’accroitre plus rapidement leur richesse que la moyenne. Son livre a eu un important succès, en particulier Outre-Atlantique. Intervenant cinq ans après sa publication, ce « rapport sur les inégalités mondiales » sonne comme un véritable rappel à l’ordre. S’il met parfaitement en évidence les résultats que T. Piketty avait annoncés dans sa recherche, il remet surtout au goût du jour et au centre du débat public un sujet primordial, les inégalités.

« Avec ce rapport, Le Laboratoire sur les inégalités mondiales vise à combler un déficit démocratique et à fournir aux différents acteurs de la société les données nécessaires pour participer à des débats publics ancrés dans les faits ».

Voici comment se présente ce rapport qui a donc bien plus qu’une simple visée académique. Il se veut parfaitement transparent pour donner à tous ceux qui le veulent des clés d’analyse, des outils de compréhension sur les inégalités mondiales. Il entend également jouer un rôle dans le débat public et ainsi faire des inégalités un sujet politique central. En effet, selon eux, même si les inégalités sont « inévitables », leur « aggravation pourrait conduire à toutes sortes de catastrophes politiques, économiques et sociales ». Dans ce sens, leur réduction doit devenir une préoccupation politique majeure.

Crédits : World Inequality Lab

Si les inégalités mondiales s’accentuent depuis les années 80, cette accentuation varie de manière non négligeable selon les pays et les régions du monde. Alors que l’Europe de l’Ouest fait plutôt office de bon élève, les Etats-Unis représentent le cancre de la classe, avec une hausse impressionnante (elle double) des 1% des plus hauts revenus dans la répartition des revenus nationaux en parallèle d’une très forte contraction (elle est divisée par 2) des 50% des bas revenus dans la part des revenus nationaux. L’Europe de l’Ouest reste elle à la répartition initiale de 1980, répartition certes inégalitaire mais plutôt faible au regard de la tendance mondiale.

Pour analyser de manière globale les inégalités, il faut, en plus de la focale des revenus, prendre en compte la répartition des inégalités de capital. Et là les chiffres sont vertigineux. Aux USA, les 50% les plus bas détiennent… moins de 0% (-0,1% précisément) du patrimoine net des ménages. En parallèle, les 1% les plus aisés en détiennent près de 40%. Des chiffres hallucinants qui s’expliquent par la forte hausse du capital privé en parallèle d’une lente baisse du capital public. On assiste donc à une accumulation de plus en plus importante du capital dans peu de mains avec des Etats qui, du fait de la faiblesse du capital public, n’arrivent ou n’essayent pas de mettre en place des politiques efficaces de redistribution.

Le dernier enseignement de ce rapport est les bénéfices de la croissance. Et une nouvelle fois, les conclusions sont sans appel. La croissance a largement bénéficié aux 1% les plus aisés. Ils se sont ainsi accaparés 27% des bénéfices issus de la croissance, contre seulement 12% pour les 50% les plus démunis. Chiffre qui fait de nouveau réfléchir sur la théorie du ruissellement, théorie brancardée par certains libéraux qui appuient que l’enrichissement des plus riches aboutit également à une hausse du niveau de vie des plus démunis. Les chiffres factuels prouvent ici tout le contraire…

Les coordinateurs du rapport, Facundo Alvaredo, Lucas Chancel, Thomas Piketty, Emmanuel Saez, Gabriel Zucman ont donc posé une réelle problématique sur la table politique mondiale. Ils ont également établi des prévisions sur les décennies à venir selon plusieurs scénarios, autant dire qu’aucun n’est très réjouissant. Pour lutter et inverser ces scénarios, le groupe de chercheurs émet, à la fin du rapport, plusieurs mesures et réformes qui auraient, selon eux, un impact positif sur les inégalités. Instaurer un impôt progressif mondial sur les revenus et sur le capital, changer la taxe sur les entreprises et leur profit pour lutter contre l’évasion fiscale ou encore généraliser l’éducation, voici quelques exemples d’instruments de lutte contre les inégalités mondiales, lutte qu’il faut mener tout de suite car il y a, comme le conclue le rapport, « une urgence à agir ».

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Pierre Jequier-Zalc

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