Avec plus de 6 millions d’hectares brûlés, 23 morts et près de 100 000 personnes déplacées en Australie, et 43 morts et 400 000 déplacés en Indonésie par les inondations, l’année 2020 s’ouvre sur ce qui est en passe de venir le pire drame environnemental de l’histoire.
En 2018 la Banque Mondiale a mené la première étude de fond sur le lien entre changement climatique et perspectives de migrations en Afrique subsaharienne, Asie du sud et Amérique latine. Ce serait près de 140 millions de personnes qui en 2050 seraient forcées de se déplacer. Ces déplacements massifs et les tensions exercées sur les ressources qui se raréfient mèneront inéluctablement à des conflits de plus en plus violents. Si le rapport émet plusieurs scenarii selon le degré de gravité des changements climatiques, il ne peut que préconiser une baisse de l’émission des gaz à effet de serre.

Les migrants environnementaux sont « les personnes ou groupes de personnes qui, essentiellement pour des raisons liées à un changement environnemental soudain ou progressif influant négativement sur leur vie ou leurs conditions de vie, sont contraintes de quitter leur foyer ou le quittent de leur propre initiative, temporairement ou définitivement, et qui, de ce fait, se déplacent à l’intérieur de leur pays ou en sortent » selon la définition de l’Organisation Internationale de Migrations de l’ONU.
Si on parle beaucoup plus des incendies que des inondations, ce sont bien celles-ci qui sont responsables de la moitié des déplacements environnementaux. Elles seront le premier facteur de déplacement en Europe. Aux États-Unis, ce sont principalement les ouragans qui menacent.
L’un des enjeux qui intéresse les chercheurs est l’impact de ces déplacements sur les villes. Les déplacements de populations sujettes aux changements climatiques vont le plus souvent des milieux ruraux aux villes. Mais celles-ci se trouvant souvent sur les côtes, elles représentent d’autres zones à risque.
Le dernier rapport du GIEC a revu à la hausse l’augmentation de la température d’ici 2100 (+6 à 7 degrés), Si pour les scientifiques ces chiffres correspondent à une réalité, celle-ci est très intangible pour le commun des mortels. Au-delà des scenarii sur les impacts strictement environnementaux, la manière dont seront gérés les déplacements de population sont une autre grande inconnue. Des populations déplacées en grand nombre signifie paupérisation, conflits avec d’autres groupes déjà en place, utilisation de différences ethniques linguistiques ou religieuses pour justifier l’exclusion ou le conflit, mise en place de politiques de ségrégation, création d’une nouvelle main d’oeuvre bon marché.
De quoi nous rappeler à quel point les questions environnementales que nous appelons écologiques sont avant tout sociales politiques et économiques : elles découlent de notre vision du monde et la manière dont elles sont gérées aussi. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui, feux et inondations, nous incitent à regarder en face les changements à venir du monde tel que nous le connaissons.