Le journaliste de Var-Matin, Guillaume Aubertin, a rencontré la famille Sulter qui vit à Hyères. Ce joyeux trio composé d’Aline, Michel et de leur fille Justine se rapproche du but d’une maison zéro déchet !
Prise de conscience
Il y a 5 ans, les Sulter emménagent dans une résidence hyéroise « où les gens balancent encore leurs déchets dans un vide-ordures, comme dans les années 70. » 4 ans plus tard, lorsque la maîtresse de la petite Justine demande « 50 gobelets et 50 assiettes en plastique par élève », la jeune maman vétérinaire, biologiste de profession, n’en peut plus et décide de lancer le défi familial du zéro déchet !
Graduellement, les déchets sortent du paysage. Si au début, Aline Sulter se sentait « un peu seule dans sa démarche », notamment à cause de l’absence de réponse de la part des pouvoirs publics, elle trouve rapidement des échos au sein de la communauté des Colibris de Pierre Rabhi, sur de nombreux groupes Internet et dans ce qui est devenu la bible de la maison : le livre « La famille zéro déchet ». Ce petit guide s’axe autour de points clés : rien ne se jette, tout se récupère, tout se fabrique.
Gourmands composts
Dans la joyeuse cuisine familiale, la fin du repas se rythme par le tri des restes et de leur préparation pour le compost. La famille Sulter a deux composts : le lombricomposteur qui avale les restes de légumes et de fruits ainsi que les cartons de papier toilette, qui apportent du carbone pour le bien-vivre des vers ; le seau à Bokashi, lui, (matière organique fermentée en japonais) se régale des restes de viandes, poissons, agrumes, ail, oignons, restes d’infusion…

Après quelques semaines de fermentation, le compost est enterré dans le jardin et devient un engrais qui offre de nombreuses surprises. « Melons, tomates, herbes, ça a poussé tout seul du jour au lendemain ! ». Exit le produit vaisselle et les produits ménagers qui ont été remplacés par du savon de Marseille, du bicarbonate et du vinaigre de vin blanc pour le nettoyant des et par du savon noir pour la lessive et le sol. Les éponges, elles, sont « tissées avec des chutes de tissu » et lorsque les plats sont difficiles à récurer, « un peu de coquille d’œufs en poudre fait parfaitement l’affaire ».
En plus d’avoir une nouvelle vie, certains déchets sont carrément multifonctions « Le marc de café, c’est génial. Soit ça va dans le lombricomposteur, soit dans les plantes, ou je m’en sers pour déboucher les éviers, récurer les plats et même pour me faire des gommages« , explique Aline.
Salle de bain au naturel
La salle de bain fait la fierté de la famille : « c’est la pièce où on a le plus travaillé pour réduire nos déchets ». En effet, un savon au lait d’ânesse et un shampoing solide à base d’huiles essentielles et à la lavande ont aisément remplacé les multiples produits en bouteilles en plastique sur le bord de la baignoire qui causent des problèmes de peau.
Le dentifrice fait-maison, à base de blanc de Meudon, de bicarbonate de soude, d’huiles essentielles et de sel, trône fièrement dans son pot à confiture recyclé. Le blaireau et son savon ont remplacé avec panache la mousse à raser irritante de Michel ; quelques gouttes d’huile de coco ou de palmarosa sous les bras suffisent à quitter définitivement le déodorant et Aline a opté pour la coupe menstruelle afin de s’affranchir des tampons ou des serviettes hygiéniques.
Consommer mieux pour moins cher
Côté alimentation, c’est tout benef’ ! Fini les courses dans les grandes surfaces et l’arpentage infini des rayons et bonjour les courses sur Internet, liste en main, ou à la Biocoop du coin pour le vrac. Les dépenses hebdomadaires sont passées de 120 euros à 90 euros sans sauter de repas !

Curiosité bien placée
Le trio de joyeux lurons est fier de leur travail collectif et rient parfois de certaines pratiques qu’il ne se sentent pas encore prêts à adopter comme le papier toilette lavable et réutilisable. Si au début, Michel avoue avoir préféré « enterrer le compost dans le potager la nuit car les voisins avaient du mal à comprendre », aujourd’hui, le dialogue et la pédagogie ont chassé la crainte et aiguisé la curiosité :
« On leur a finalement expliqué que ça nourrissait les arbres et maintenant, certains nous demandent même des conseils ».
La prochaine étape ? Propager la bonne parole et éviter les emballages de la viande et du fromage en amenant des « Tupperware » chez le boucher et le fromager. « Après ça, on pourra dire qu’on s’est vraiment rapproché du zéro déchet ! ».

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