Voilà des mois et des mois que les ONG et les médias alertent sur les conditions atroces subies par les migrants au cours de leur traversée. Ainsi nous évoquions en septembre l’essor d’une véritable « industrie » du kidnapping et de la torture en Libye ou encore le développement du trafic d’organes sur les routes migratoires. Mais rien de ce qui a pu être écrit et dénoncé ne semblait mériter l’intervention de la communauté internationale pour cet « outrage à la conscience humaine », comme le qualifie si bien le haut-commissaire de la United Nations of Human Rights, Zeid Ra’ad Al-Hussein.
Peut-être sera-t-il plus difficile en revanche de nier ces terribles vérités face aux images filmées par CNN. Publiées mercredi 15 novembre, ces images prises en caméra cachée nous plongent au cœur d’un « marché aux esclaves », où les migrants terrifiés sont vendus aux enchères comme des marchandises… « Des garçons forts pour travailler à la ferme » crie le commissaire à une foule invisible. Puis on suppose que des mains se lèvent dans l’assemblée pour surenchérir, à mesure que le commissaire fait le décompte : « 600 ici, 700 là, 800 … »
La vidéo a été reçue par un contact de CNN, qui a alors dépêché une équipe à Tripoli pour vérifier les informations reçues. D’après la journaliste il y aurait une à deux de ces ventes aux enchères par mois dans les alentours de la capitale libyenne. Ils se rendent au lieu indiqué, une maison complètement quelconque, puis commence l’ignoble marché.
Crédits : CNN
En se rendant dans un centre de détention provisoire en Libye, l’équipe de journalistes de CNN rencontre Victory, 21 ans, originaire de l’Etat d’Edo au Nigéria. Il témoigne :
« J’ai été vendu. Sur le chemin pour me rendre ici, j’ai été vendu. Au bout d’une semaine, ils ont commencé à me frapper pour que l’argent arrive rapidement.
Je suis resté huit mois avant de donner l’argent et de sortir. Si vous regardez la plupart des gens ici, si vous regardez leurs corps, vous verrez des marques. »

Le discours de Victory est glaçant. Après avoir été vendu, battu, s’être endetté, il va désormais devoir rentrer chez lui, recommencer sans rien alors qu’il partait dans l’espoir de reconstruire sa vie.
Désormais il existe des preuves accablantes de ces atrocités, qu’on croyait pourtant appartenir à l’histoire ancienne. La CNN a remis ces images aux autorités libyennes en l’attente d’une réaction à la mesure de cette horreur…

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