En Mai 2019, une étude publiée par OpinionWay et largement relayée, comme dans Le Monde tout récemment, déclarait que « 48 % des Français pensent qu’il est trop tard pour inverser le cours du réchauffement climatique ». Or, il ne s’agit pas d’inverser quoi que ce soit, mais bien d’éviter le pire !
Cette petite vidéo hypnotisante et frappante illustre un phénomène crucial trop peu relayé sur la crise climatique : l’évolution de la concentration de C02 en partie par millions dans l’atmosphère. Ce nom un peu technique désigne le nombre de molécules de dioxyde de carbone considéré par million de molécules d’air, et sa mesure est un élément crucial pour nous donner une idée plus précise des dégâts.
En effet, pour limiter l’élévation de la température moyenne à +2°C, nous devons rester sous le seuil de 450 parties par million de concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère. Problème, le 12 mai 2019, nous avons atteint le niveau de 415 parties par millions de CO2 dans l’atmosphère pour la première fois en 3 millions d’années !
La dernière fois, c’était durant l’ère géologique du Pliocène. A cette époque, les températures étaient de 3 à 4 °C plus élevées, des arbres poussaient en Antarctique et le niveau des océans était de 15 mètres plus haut. Et ce C02 avait mis des millions d’années à s’accumuler, alors que les émissions liées à l’activité humaine ont augmenté les niveaux de gaz carbonique de 40 % en 150 ans seulement !
Encore plus préoccupant, la dernière fois que le CO2 était présent en de telles quantités dans l’atmosphère, il avait ensuite été stocké par les arbres, les plantes, les animaux, et enterré avec eux à leur mort sur une longue période de temps. Avec la sixième extinction de masse, nous sommes aussi en train de détruire les seules façons de stocker le carbone qui soient fonctionnelles.
« Inverser le réchauffement climatique est impossible : tout ce qu’on peut faire, c’est le limiter. Si on ne limite pas nos émissions de gaz à effet de serre, on gagnera 4 ou 5 degrés supplémentaires d’ici la fin du siècle. On voit déjà que depuis le début du XXe siècle, le climat est différent. » Jean Jouzel, climatologue
Récemment, un rapport du CEA, de Météo-France et du CNRS rendait une nouvelle modélisation dans lequel le pire scénario impliquait un réchauffement moyen de +7°C d’ici 2100. Pour rappel, il fait actuellement +5°C que lors de la dernière ère glaciaire.
Cela donne une idée de la transformation totale que pourrait subir notre environnement. Mais ces simulations sont à prendre pour ce qu’elles sont : des simulations. Entre la durée de vie des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, le forçage radiatif, et les boucles de rétroaction positives, il est impossible de prévoir avec exactitude quelle sera l’étendue des dégâts. Pour le GIEC, les émissions de CO2 doivent culminer en 2020 pour ne faire que décroître ensuite afin de limiter le réchauffement à +2°C afin d’éviter le pire.
Chaque demi-degré compte. Chaque émission de gaz à effet de serre compte. Chaque être vivant compte. C’est ça, l’urgence écologique et climatique.