Avec « ça va changer avec vous », Julien Vidal propose un véritable guide pour incarner une éco-citoyenneté en ayant une conscience aiguë des enjeux écologiques et sociaux en cours, mais surtout des outils pour inviter son entourage à rallier sa cause.
Julien Vidal est parti d’un challenge personnel, accomplir une action positive par jour, pour le transformer en une aventure collective. Après le succès de « ça commence par moi », qui est devenu un site web, une communauté, puis un livre, Julien Vidal approfondit ses réflexions et la mise en action avec son nouvel ouvrage « ça va changer avec vous ».
« Le premier livre a été écrit pour répondre à toutes les personnes qui me disaient qu’ils avaient vu plein d’obstacles sur leur chemin et étaient curieux des coulisses. Je voulais leur montrer les rouages de ma mécanique du changement, et qu’il n’y a rien d’extraordinaire à s’engager sur ce chemin-là. Ce deuxième livre veut dépasser le discours actuel sur les mots qu’on entend encore trop souvent : « le développement durable, la transition, les petits gestes ». Ces mots ont été lancés dans les années 70 avec le choc lié à la première photo de la Terre prise depuis l’espace. Ce vocabulaire avait du sens à l’époque, mais 50 ans sont passés et ces mots sont désormais contre-productifs face à la situation autrement plus urgente que celle de l’époque. » explique Julien Vidal pour La Relève et La Peste

Avec le livre « ça va changer avec vous », Julien Vidal veut ainsi dépasser le concept de transition pour expliquer le besoin vital et urgent d’une planification, d’une organisation et d’un sursaut collectif face aux mondes qui vont advenir. Il propose ici une attitude individuelle à corréler étroitement avec une analyse systémique des enjeux écologiques et sociaux de notre ère, et donc une nouvelle façon de faire société.
« On pensait qu’on aller remplacer un seul modèle de société, l’ultra-consommation, par un autre, le développement durable. Mais de très nombreuses trajectoires sont possibles. On a besoin de savoir-être, de flexibilité, de réactivité et de sentir que, quoi qu’il advienne, on aura notre rôle à jouer là-dedans, et faire pencher la balance du côté qui nous intéresse. Il s’agit de tester et s’approprier sa capacité de résilience, en sortant de notre position ultra-consumériste, en réalisant qu’on a plus de pouvoir que notre simple pouvoir d’achat. Il ne faut pas tomber dans ce piège des petits pas qui sont intéressants seulement s’ils sortent de la consommation soi-disant durable. L’action passe ainsi par l’abandon de plein de choses, un terreau propice pour dépasser la surconsommation. On a l’impression que dire stop à notre modèle actuel est une perte alors qu’on gagne énormément de choses aussi. J’ai gagné en qualité de vie, j’achète moins de produits mais mieux, je suis en meilleure santé, j’ai plus de sens et de bonheur dans ma vie car je me sens en phase avec moi-même. Je gagne les heures évitées dans un supermarché avec de la musique horrible, je ne subis plus les bouchons et le patronat, je ne dépense plus un demi-salaire pour partir en avion à l’autre bout du monde avec le même guide touristique que tous les autres. Bref, je me suis rendu compte que la majorité des moments qui me rendent heureux sont décorrélés de ma CB et de mon porte-monnaie. » énumère Julien Vidal pour La Relève et La Peste
Ce « refus de parvenir », comme l’appelle Corinne Morel Darleux, permet alors de montrer ce qu’on a à gagner plutôt que ce qu’on a à perdre. Et l’enjeu est de taille : préserver des êtres vivants, partager plus équitablement des ressources, minimiser le plus possible l’intensité des catastrophes naturelles, limiter chaque dixième de degré supplémentaire, créer des activités vertueuses d’un point de vue social et environnemental…
« Je crois qu’inspirer les gens est sans doute le plus important pour mettre de la vitalité dans l’engagement écologique. Notre tare et notre chance, c’est que nous sommes des êtres sociaux agités par l’émotion. On ne peut plus être dans une écologie individualisante et culpabilisante, mais dans une écologie rayonnante pour créer des déclics et faire que le maximum de gens nous rejoigne. C’est pour ça que le livre comprend toute une partie « mobiliser » avec des arguments et la compréhension théorique sur comment impacter les gens autour de nous. En fait, aujourd’hui on peut organiser des temps pour que d’autres personnes se connectent, en créant des bulles d’écocitoyenneté, comme un espace de partage de biens, animer un quiz du climat dans un bar, rameuter des gens de ton quartier pour proposer aux futurs candidats municipaux le pacte de la transition, s’organiser pour que ces initiatives vivent tout le temps et le plus possible, jusqu’à ce que les gens décident eux-mêmes d’en mener et faire des actions de désobéissance avec Extinction Rebellion par exemple. » explique Julien Vidal à La Relève et La Peste

« ça va changer avec vous » propose de complexifier l’éco-citoyenneté en agissant sur les trois strates du vivant : soi-même, les autres (maraudes, associatif, humanité et solidarité) et notre environnement. Il s’agit de sortir du constat, des chiffres, et de l’intellectualisation de l’écologie pour agir concrètement sur soi et sur son territoire.
« J’aime beaucoup la métaphore du cavalier. Les collapsologues nous ont beaucoup aidé car ils nous ont aidé à matérialiser l’obstacle une fois pour toutes, ils nous ont alerté sur les dangers et la hauteur de la haie. Une fois que tu as matérialisé la haie, tu décides de regarder au-delà et voir comment tu vas la franchir. Il faut faire en sorte que ces grands changements sur le long terme soient une opportunité plutôt qu’une menace. » conclut Julien Vidal