Un avantage fiscal supprimé
« Nous en tirerons les conséquences, y compris sur les futurs investissements dans le pays. » Ce message a été lancé par Patrick Pouyanné aux députés ce mardi 17 septembre, lors de son audition par la commission des affaires économiques de l’Assemblée. Patrick Pouyanné a tenté de convaincre les députés de revenir sur la suppression d’un avantage fiscal pour les biocarburants à base d’huile de palme.
Le PDG de Total a tenté de les faire revenir sur une disposition fiscale prise en décembre 2018 : la suppression de l’avantage fiscal pour les biocarburants à base d’huile de palme.
L’huile de palme
Cet été, Total a mis en service sa raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône) convertie aux biocarburants, produits en grande partie avec de l’huile de palme. De nombreuses associations environnementales étaient montées au créneau, dénonçant la déforestation due à l’importation massive d’huile de palme.
Alors que dans le monde, les plantations de palmiers à huile sont à l’origine de 40 % de la déforestation due à l’agriculture intensive, la France, comme l’Allemagne, a promis d’aller vers 100 % d’huile de palme durable d’ici 2020.
Une perte économique
Total avait investi 300 millions d’euros dans la reconversion de sa raffinerie, bien avant la suppression de l’avantage fiscal.
« Nous nous sommes lancés en 2015 en plein accord avec le gouvernement, dans un cadre fiscal qui était donné (…) Et aujourd’hui, alors que l’investissement est fini, on nous change le cadre fiscal. »
Pour Patrick Pouyanné, La Mède représente à présent « un investissement réalisé, dont on change les règles du jeu, qui se traduit concrètement par une perte économique de près de 70 millions à 80 millions d’euros pour ce site et qui le met en difficulté. ».
Conséquences
Dans ces circonstances, le PDG envisage d’exporter en Allemagne toute la production de l’usine. De plus, même si Total s’était engagé à utiliser du colza produit par les agriculteurs français, « si tout reste en l’état avec cet amendement, nous ne pourrons pas tenir les engagements que nous avons pris à travers l’ensemble des filières » a-t-il prévenu.
Patrick Pouyanné a enfin ajouté, comme un avertissement :
« Le signal lancé aux investisseurs par la représentation nationale est très perturbant. »