C’est au détour d’une interview dans Les Echos qu’Anne Hidalgo, la maire de Paris, a évoqué la gratuité des transports publics franciliens. Si aucune décision n’est prise, le débat est ouvert. Ainsi une enquête va être menée par trois experts (Jean-Louis Missika, Christophe Najdovski et Emmanuel Grégoire) pour rendre compte de la faisabilité de la chose. Si cette déclaration ne promet rien de concret, elle laisse entrevoir une réjouissante perspective. Celle de pouvoir se balader gratuitement et librement dans la capitale.
Mise en œuvre dans plusieurs petites villes tels que Compiègne ou Niort, la gratuité des transports publics interroge quant à sa réalisation dans de plus grandes métropoles. Elle ne peut se faire que dans une ville « dans laquelle la place de la voiture polluante n’est plus centrale », condition qui n’est aujourd’hui pas atteinte dans la capitale française. De plus, les coûts économiques d’une telle réforme seront bien évidemment conséquents. Pour avoir un ordre d’idée, les usagers du réseau francilien payent chaque année 2,7 milliards d’euros pour pouvoir se déplacer. Un montant particulièrement important qu’il faudra pallier en cas de gratuité. C’est ce que rappelle cet élu qui réagit pour Libération : « Je déteste ce terme « gratuité ». Il faut bien que quelqu’un paie. Sans compter que l’arrivée du Grand Paris Express obligera sans doute à revoir le système de tarification ou à réintroduire un zonage ». Ainsi, plusieurs interrogations apparaissent quant à la réelle mise en place de ce projet.
L’idée est pourtant bonne. Rendre les transports publics gratuits encouragerait les Parisiens et les touristes à les utiliser de plus en plus et donc à délaisser les voitures, taxis et Uber qui polluent la capitale. Cette mesure s’inscrirait aussi dans le projet du Grand Paris avec une ouverture encore plus grande de la métropole, avec un accès facilité à son centre.
Malgré tout, la déclaration d’Anne Hidalgo intervient dans un contexte où la maire de Paris fait face à plusieurs polémiques, notamment sur la très lente mise en place des nouveaux Velib’ ou encore sur la piétonisation des voies sur berges dans le centre de Paris. Un contexte qui peut laisser penser que cette intervention est une sorte de « diversion ». C’est d’ailleurs le terme qu’utilisent Les Républicains pour qualifier cette annonce qui arrive selon eux « en pleine tourmente ». Un peu comme la situation de leur ancien leader politique… La déclaration de la Maire de Paris apparaît alors plus comme une communication politique qu’un réel projet en cours d’élaboration.
L’affaire est donc à suivre, et le rapport que rendront les trois experts de la Mairie à l’issue de leur enquête sera particulièrement intéressant. Si ce rapport se transforme en projet, il sera sans doute à la proue de la campagne municipale de 2020. Son application, quant à elle, serait une bonne chose pour une ville en quête d’air frais.

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