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Les habitudes alimentaires reflètent les inégalités sociales

Cette semaine, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) a publié son 3ème rapport sur les habitudes alimentaires des Français et confirme une nouvelle fois qu’alimentation et hygiène de vie sont de grands marqueurs des inégalités sociales en France. Méthodologie Le rapport de l’ANSES est réalisé tous les 7 ans et permet d’analyser les […]

Cette semaine, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) a publié son 3ème rapport sur les habitudes alimentaires des Français et confirme une nouvelle fois qu’alimentation et hygiène de vie sont de grands marqueurs des inégalités sociales en France.

Méthodologie

Le rapport de l’ANSES est réalisé tous les 7 ans et permet d’analyser les comportements et habitudes alimentaires des Français. Cette dernière étude a été menée entre 2014 et 2015 sur un échantillon de 5 800 personnes (3 100 adultes et 2 700 enfants) lors de deux ou trois jours par sujet, soit 13 600 journées de consommation au total et 320 000 aliments analysés. Les résultats de cette analyse ont été interprétés par un groupe d’experts (nutritionnistes, épidémiologistes, toxicologues, microbiologistes).

Abrutissement général

Cette étude souligne certains faits déjà connus de tous et qui nous valent les fameuses campagnes de publicité en boucle : la consommation insuffisante de fruits et légumes, l’usage excessif du sel et le manque d’exercice. En effet, le temps passé devant les écrans continue de croître à tel point que nous risquons bien d’évoluer en fusionnant avec notre canapé.

80% des adultes sont carrément considérés comme « sédentaires » et pour 71% des adolescents de 15 à 17 ans, le temps moyen passé par jour devant un écran (pour les loisirs, on ne compte pas l’ordi du boulot) a explosé depuis la dernière étude : +20 min chez les enfants passant ainsi de 2h45 à 3h05 et de 1h20 à 4h50 chez les adultes ! Imaginez un peu le temps passé devant les écrans au travail et rajoutez en moyenne 5h supplémentaires.

C’est assez inquiétant car lorsque nous sommes devant les écrans, nous manquons d’attention envers notre environnement et surtout, nous ne faisons rien d’autre : « la sédentarité est un problème préoccupant : elle joue un rôle dans l’apparition de certaines pathologies comme le diabète, l’obésité et les maladies cardiovasculaires, même dans le cas d’individus qui pratiquent trente minutes d’activité physique par jour, comme nous le conseillons » explique Jean-Luc Volatier, expert de l’ANSES.

Le sel garde la frite

Nous consommons toujours trop de sel ! Cela fait des années que le sel a plaidé coupable pour l’émergence de maladies cardio-vasculaires (entre autres) et pourtant, son public ne semble pas lui faire faux-pas. Il se cache partout : pains, sandwichs, pizzas, pâtisseries salées, condiments, sauces, soupes, charcuteries, sans compter celui qu’on rajoute partout lorsque l’on cuisine.

Pour faire court, on sait que le sel c’est cool mais privilégier la salinisation raisonnable des aliments bruts que vous préparez à des aliments transformés bien trop salés. Petite note supplémentaire sur les compléments alimentaires qui ont le vent en poupe mais que ne sont pas anodins ! Attention aux commandes internet, même si le site a l’air sympa, et n’hésitez pas à en parler à votre médecin avant de passer à l’attaque. Si cela nécessite 9 ans d’étude, c’est que l’on a quand même un peu besoin d’eux. Ne l’oublions pas !

BIO bobo

Cette année, l’étude de l’ANSES a souligné la corrélation entre les habitudes alimentaires et les inégalités sociales. En effet, le bien-manger à deux vitesses n’est pas une légende. Si les Français consomment des aliments similaires, le diable se trouve dans les proportions ! Par exemple, les personnes ayant suivi des études supérieures consomment plus de fruits, de légumes, de fromage, yaourt et fromage blanc et chocolat alors que ceux qui se sont arrêtés à un niveau d’études primaires ou collège consomment plus de soda, de viande et de pommes de terre.

C’est pareil pour le BIO ! Un individu exerçant la profession de cadre ou ayant au minimum le BAC consomme le double d’aliments BIO qu’un ouvrier ayant arrêté son parcours scolaire au collège ou au lycée. Au-delà d’une problématique de prix qui tend à se réguler, on assiste également à une problématique de perception des produits qui est encore un peu floue.

Une affaire de critères

La question se pose donc du comportement consommateur. Lorsque les rayons ou les étales sont arpentés, quels sont les critères de consommation ? Pourquoi choisit-on un produit plutôt qu’un autre ? Durant l’étude, les participants ont signalé trois principaux critères qui influencent leur choix conscient lors de leurs courses.

Sans surprise, plus l’individu est diplômé, plus il privilégie la qualité (provenance, mode de production, signes de qualité, composition nutritionnelle) et inversement, plus le niveau d’études est bas, plus le prix, la marque et les offres promotionnelles sont importants dans les choix d’achats. Le lieu d’achat est également défini selon les critères sociaux : plus le niveau d’études est élevé, plus la personne privilégiera les achats au marché, dans les circuits courts ou en commerce de proximité alors que les personnes avec un faible niveau d’études ne se ravitailleront quasiment qu’en grande surface. Evidemment, ces choix de consommation se retrouvent directement dans les statistiques dépeignant les tendances de surpoids et d’obésité.

Cercle vicieux

Cette étude nous rappelle que le bien-manger est à deux vitesse, pas forcément pour des questions de moyens financiers, mais bel et bien d’éducation et d’information. Il a été démontré que l’approvisionnement dans les circuits courts, notamment au niveau des fruits et des légumes était bien moins onéreux que dans les supermarchés qui, en habillant un choux fleur d’un voile de plastique, triple son prix initial.

De plus, l’hégémonie des marques et leur puissance publicitaire étouffe les autres possibilités qui sortent du cadre standard de consommation, de celui que l’on veut bien nous servir à table. Les remparts à ce phénomène ne sont autres que l’éducation et l’information qui sont malheureusement aussi à plusieurs vitesses.

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Diane Scaya

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