Hier matin, le groupe « d’experts indépendants » du Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance (SMIC) a rendu son rapport annuel aux partenaires sociaux membres de la Commission Nationale de la Négociation Collective (CNNC). Ce rapport, qui se contentait habituellement de préconiser ou non un « coup de pouce » au salaire minimum, va ici plus loin. Il propose une réforme structurelle qui porterait, particulièrement, sur la modification de la revalorisation annuelle et automatique du SMIC.
En finir avec la revalorisation annuelle et automatique du salaire minimum. Voici la mesure phare du rapport rendu par le groupe d’expert du SMIC ce mardi, qui, en plus de ne pas conseiller un « coup de pouce » au salaire minimum (c’est la même conclusion depuis bientôt 6 ans…), propose une réforme qui aboutirait, à terme, à sa baisse réelle. Cette revalorisation, calculée à partir de l’inflation des prix pour les 20% des ménages les plus démunis et de la moitié de l’évolution du pouvoir d’achat du Salaire Horaire de Base Ouvrier et Employé (SHBOE), a pour objectif de maintenir le salaire minimum à un niveau permettant, à peu près, de vivre. Pour ce groupe d’expert, cette revalorisation serait un frein à la lutte contre le chômage et contre la pauvreté. Du fait d’un SMIC trop élevé, le coût du travail serait trop important pour embaucher, et on privilégierait ainsi, chez les entreprises, le choix de la délocalisation ou de la robotisation pour certains services de productions.
Ce groupe « d’experts » propose donc deux solutions. La première serait de tenir compte uniquement de l’inflation dans la revalorisation du salaire minimum. La seconde, encore plus libérale, serait de la geler totalement. Le rapport semble même pencher vers la seconde option en soulignant que c’est celle qui existe dans « la très grande majorité des pays où existe un salaire minimum national ».
D’un point de vue diamétralement opposé, rappelons qu’un SMIC qui augmente à la même vitesse que le niveau général des prix est nécessaire pour pouvoir garantir un certain niveau de vie aux travailleurs les moins qualifiés. C’est dans ce sens qu’on peut s’interroger sur les capacités de cette mesure à réduire réellement la pauvreté.
Reste à voir ce que fera Emmanuel Macron de ce rapport. Après que les grands syndicats (CGT, FO…) des travailleurs se sont déclarés totalement opposés en arguant que cette mesure « est une revendication patronale depuis des années » tout en rappelant que « les salariés qui ne s’en sortent pas sont ceux qui sont au smic » (Marie-Alice Medeuf-Andrieu, secrétaire générale chargée des négociations collectives chez Force Ouvrière), le gouvernement a à son tour rendu un avis négatif.

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