C’est Le Canard Enchaîné qui a sorti l’information : le gouvernement s’apprêterait, dans sa réforme de l’assurance-chômage, à accentuer le contrôle des demandeurs d’emplois. L’hebdomadaire s’appuie sur une note confidentielle du ministère du travail. Si elle se confirme dans les faits, cette réforme ne fera que perpétuer le profond labourage du code du travail qu’Emmanuel Macron a entamé depuis sa prise de pouvoir. Labourage dont les salariés précaires et les chômeurs ne vont pas être les premiers bénéficiaires, loin de là. Bien au contraire des chefs d’entreprises.
Les Paradise Papers sont déjà au placard. Un peu plus d’un mois après les révélations sur les politiques d’optimisation et/ou d’évasion fiscale des grandes entreprises, aucune réelle mesure, aucun contrôle plus strict de la fiscalité n’a été mis en place. Au gouvernement on se concentre plus sur un autre type de surveillance, celui des chômeurs. La note dévoilée par Le Canard Enchaîné montre plusieurs mesures qui accentueraient le contrôle des demandeurs d’emplois. Ces derniers se verraient en effet sanctionnés d’une réduction de 50% des allocations pendant deux mois en cas de recherche insuffisante d’emploi, de refus de deux offres d’emplois jugées comme « raisonnables » ou de refus de formation, la sanction s’étendrait à l’entièreté des allocations en cas de récidive. Ces mesures durciraient quelque peu la situation actuelle sans bouleversement radical pour autant.
C’est un autre aspect de la note qui annonce un contrôle extrêmement strict des demandeurs d’emplois à l’avenir : la mise en place d’un « rapport d’activité mensuel » où les chômeurs devront répertorier toutes les démarches effectuées dans l’objectif de trouver un travail (formation, CV envoyé, rendez-vous à Pôle Emploi…). Cette proposition, comme le souligne Le Canard Enchaîné, ressemble étrangement à celle émise par le président du MEDEF, Pierre Gattaz qui proposait récemment un « contrôle journalier ou hebdomadaire des chômeurs ». Peu étrange, vous me direz lorsqu’on sait que le rédacteur de cette note n’est autre qu’Antoine Foucher, un ancien cadre du MEDEF aujourd’hui directeur de cabinet de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
Cette révélation intervient aussi dans une logique de culpabilisation croissante des chômeurs, de plus en plus fréquemment qualifiés d’assistés du système dans le débat public. De certains députés La République en marche à Laurent Wauquiez qui qualifie l’assistanat de « cancer de notre société », les chômeurs sont vus comme des poids retenant la croissance française au sol. Cette note ne fait également que confirmer la ligne politique prise par Emmanuel Macron d’avantager les plus riches et d’accroître la surveillance sur les plus pauvres. Et pour cause, il apparaît aujourd’hui presque plus facile de frauder des millions d’euros au fisc français que de chercher dignement un travail en évitant les sanctions. C’est dire…
Crédits : Pôle Emploi (flickr)

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