Au total, ce sont 139 141 livres qui ont été retirés des bibliothèques turques, accusées de « propagande » ou étant lié aux idées de Fethullah Gulen, opposant au pouvoir turc actuellement en place.
Un retrait « d’urgence »
Nouveau coup de force du gouvernement turc qui a annoncé le retrait de près de 140 000 livres depuis juin 2016. La raison de ces retraits serait le lien avec les idées dites du « groupe opposant » au gouvernement de Recep Tayyip Erdogan.
Ainsi, ces ouvrages sont « accusés » de mettre en avant la logique de Fethullah Gulen, identifié comme le principal opposant du président, aujourd’hui exilé aux États-Unis. En effet, pourtant réfugié aux États-Unis depuis 1999, Fethullah Gulen est accusé par le gouvernement d’avoir orchestré l’assassinat de l’ambassadeur russe, Andrei Karlov à Ankara en décembre 2016.
Après avoir dirigé des restrictions, des licenciements arbitraires, ainsi que des emprisonnements dans les domaines publics mais également dans le monde des médias et de l’information, la Turquie entrave aujourd’hui un peu plus les libertés dans le domaine de la culture.
Selon un des principaux journaux du pays, les différents livres retirés qui constitueraient de la « propagande Güleniste » auraient également été détruits.
Le ministère de la culture, Numan Kurtulmus, a ainsi déclaré que « les publications sur le mouvement FETÖ (mouvement de Gülen) et sur Fethullah Gulen, ainsi que celles des maisons d’édition fermées par décret du gouvernement, présentes dans les 1 142 bibliothèques placées sous notre juridiction, ont été retirées d’urgence ».
Paranoïa et perte de liberté
Faisant apparemment cas d’une « enquête », selon les explications du ministère de la culture le 11 octobre, les livres incriminés ne s’arrêtent pas au cas de Gülen. En effet, parmi les ouvrages considérés comme propagande, on peut citer des œuvres de Baruch Spinoza, Albert Camus ou Louis Athusser qui feraient, selon le gouvernement, la propagande du terrorisme.
Les maisons d’édition sont également visées et une trentaine d’entre elles se sont vues dans l’obligation de fermer suite à un décret du gouvernement. La Fédération Internationale des associations et institutions de bibliothèques se sont dit très préoccupées par le geste du gouvernement.
Alors que des dizaines de journalistes et auteurs ont été emprisonnés en Turquie l’an dernier, la crainte de cette nouvelle manipulation se tourne aujourd’hui vers les personnes en possession des ouvrages, contre qui l’État pourrait engager des procédures.
Crédit photo à la une : Adem Altan / AFP

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