Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, a jeté un pavé dans la mare dimanche dernier avec cette petite phrase lâchée dans le Grand rendez-vous d’Europe 1. « A partir du moment où nous réussissons à créer des emplois dans le secteur privé, (…) il peut être légitime de réduire la politique sociale sur l’emploi ». Si les interprétations de cette phrase sont diverses, une chose est certaine, elle n’augure rien de bon.
Décidemment, cela ne s’arrête jamais… Voilà maintenant plus d’un an qu’Emmanuel Macron a été élu Président de la République, et voici un peu plus d’un an qu’il s’applique à progressivement et méthodiquement à détruire l’Etat Providence.
Ordonnance travail, baisse des aides personnelles au logement (APL), réforme de la SNCF, suppression de 120 000 fonctionnaires ou encore réforme sur le contrôle des chômeurs, la liste s’allonge et se noircit irrémédiablement. Dernier potentiel ajout en date ? Cette phrase placée dans une émission de radio par le ministre de l’économie. La faible diminution du chômage (de 0,4 entre le premier trimestre 2017 et le premier trimestre 2018 pourrait légitimer la réduction des aides sociales sur l’emploi. Lesquelles ?
Cela n’a pas été précisé et laisse donc toutes les éventualités ouvertes. Les suppositions sont nombreuses, notamment celle sur la suppression graduelle des ASS (allocation de solidarité spécifique), une aide sociale accordée aux chômeurs en fin de droits. Un collaborateur de Bruno Le Maire, contacté par Le Monde, s’est voulu rassurant, arguant que cette déclaration ne visait rien de particulier mais n’était que quelque chose à « portée générale ».
Pourtant, comment être rassuré par la perspective d’une nouvelle attaque du gouvernement contre les plus démunis. Une attaque qui se justifie par le poids financier que constitue la légère augmentation des prestations sociales. Mais une attaque qui intervient seulement quelques mois après la suppression d’une partie de l’ISF et de l’exit-tax, des réformes qui ont allégé les revenus de l’Etat au bénéfice des plus riches. Cette déclaration n’annonce donc rien de bon pour la redistribution et l’égalité. Au point qu’au sein même de la majorité des voix se sont élevées (ce qui est particulièrement rare, les députés LRM ne remettent quasiment jamais en cause les projets de réformes du gouvernement).
La réaction la plus virulente est venue de Brigitte Bourguignon. Sur France Info, la députée du Pas de Calais a déclaré que ce genre de propos sur un potentiel projet de réduction de « la politique sociale de l’emploi » ne pouvait qu’ « accréditer davantage l’idée que le président de la République est le président des riches ».
Pour le gouvernement Macron, la faible réduction du chômage (qui repart à la hausse ce trimestre) est donc un argument pour réduire les aides sociales pour l’emploi. Un argument pour toujours plus marginaliser les plus démunis. Bercy cherche d’ailleurs, comme le révèle une note interne dévoilée par Le Monde, à baisser les prestations sociales. A voir désormais quelle part de cette réduction sera dû à la diminution de la « politique sociale sur l’emploi ».
Crédit Photo : Alain JOCARD / AFP

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