Après des reports de vote, faute d’accord, l’UE vote finalement le renouvellement de la licence du glyphosate pour cinq ans.
Bruxelles a statué
Ce lundi 27 novembre, les Etats membres du l’UE réunis en comité d’appel ont voté le renouvellement de la licence du glyphosate pour cinq ans. Depuis 2015, toutes négociations faisaient état d’échec sur le sort de cet herbicide potentiellement cancérogène. Après deux ans de querelle, la décision n’est pas celle qui était attendue.
Lors du vote qui s’est déroulé hier, 18 Etats ont voté « pour » ce renouvellement. Cela a permis d’atteindre la majorité qualifiée, acquise avec un minimum de 16 Etats. Dans l’opposition, 9 Etats ont voté « contre » cette mesure, dont la France, le Luxembourg, ou encore la Grèce ; le Portugal s’est quant à lui abstenu.
Les 9 pays qui avaient voté « non » lors du premier vote ont tenu leur position, tandis que le vote de l’Allemagne a cette fois ci fait changer la situation. En effet, le pays qui s’était abstenu jusqu’alors a finalement voté « pour », après avoir exigé des modifications des textes, notamment sur « l’usage privé du produit » et le « respect de la biodiversité ».
Le commissaire européen s’est réjoui de ce vote. D’après lui, cela montre que « quand nous voulons, nous pouvons partager et accepter notre responsabilité collective dans la prise de décision ». Mais cet avis n’est pas du tout partagé.
La lutte ne s’arrête pas là
Les associations de défense de la santé sont scandalisées et ont dénoncé le fait que « le principe de précaution de la santé » passait à la trappe face à une victoire des « lobbies » (sous-entendu Bayer et Monsanto).
La ministre luxembourgeoise de l’Environnement, la secrétaire d’Etat française en charge de l’Ecologie et bien d’autres figures politiques, ont également contesté ce vote et souhaitent, malgré tout, que « [leur] pays sorte du glyphosate le plus rapidement possible ». La France a, dans ce sens, pour objectif d’interdire l’utilisation du glyphosate d’ici 3 ans, selon le président de la République, ainsi que de trouver des alternatives. Mais le gouvernement est accusé d’incohérence.
En effet, l’arrêt de l’utilisation du glyphosate par les agriculteurs est demandé, quand dans le même temps, l’autorisation d’importation continue à exister au travers du CETA. Le député du Loir-et-Cher a affirmé vouloir que « le gouvernement clarifie sa position » et a poursuivi en demandant « une recherche scientifique juste et équilibrée, un vrai programme de recherche pour identifier les produits alternatifs, afin de généraliser et protéger nos agriculteurs ».
L’important reste donc de mettre en place un plan afin de sortir de l’agriculture biochimique. Mais encore une fois, cette sortie semble compromise quand on voit que le gouvernement a annoncé le 20 septembre le retrait des aides au maintien de l’agriculture biologique.
Mais quelles sont les alternatives possibles ?
Alors oui, la crainte pour beaucoup de se passer du glyphosate c’est de ne pas avoir d’alternatives assez efficaces. Mais le vrai souci serait de changer d’état d’esprit. De ne pas penser « rentabilité » mais « santé » et « durable », ou encore de faire accepter, dans l’esprit collectif, que « c’est possible de faire sans », que ce soit pour le bio ou non.
« Reporterre » a publié un article intitulé « se passer du glyphosate c’est possible ». Voici quelques-unes des solutions proposées :
De plus fortes doses
D’après certains agriculteurs interrogés, il serait possible d’utiliser d’autres produits, mais à plus forte dose. Néanmoins, être attentif et utiliser le produit adapté et ce de manière précoce permet de minimiser les doses.
Des cycles de rotation des cultures plus longs
Le but serait d’affaiblir les herbes non désirées, avec des cycles pouvant aller jusque 10 ou 12 ans contre des biennales ou triennales d’ordinaire. Guillaume Riou, agriculteur, explique ainsi que « les mauvaises herbes du maïs ne sont pas celles du blé » et que les rotations peuvent devenir du type « trois ans de luzerne, un de blé de printemps, un tournesol, une lentille, un féverole, une orge d’hiver, et au printemps on plante des trèfles pour deux ans ou de la luzerne et ainsi de suite. » En effet, la luzerne permet par exemple de lutter contre des plantes vivaces, comme les chardons ce qui permet de préparer la culture du blé etc. Cela permet ainsi d’être plus à l’écoute de ses cultures et des plantations en utilisant des solutions naturelles.
Ne pas vouloir éviter les repousses à tout prix
Pour François Veillerette, président de l’ONG internationale Pesticide Action Network (PAN) : « il ne s’agirait pas de détruire les herbes et d’éviter toute repousse, mais de contrôler ».
En effet, de nombreuses techniques permettent de limiter la pousse. Parmi elles, le faux semis, le désherbage mécanique, le désherbage thermique, la culture d’engrais verts, l’occultation, ou encore la solarisation. Toutes ces techniques permettent des résultats de contrôle et limitent les mauvaises herbes et ce, de manière naturelle, même si elles ne permettent pas de les éradiquer.
Crédits photo : EMMANUEL DUNAND / AFP

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