Il y a bien longtemps qu’on ne présente plus l’illustre Gilles Clément. Nous le savons paysagiste, professeur, entomologiste, écrivain, botaniste, conférencier… mais le grand rôle de sa vie reste celui de jardinier. Gilles Clément est avant tout un agitateur de conscience. Sa sagesse légendaire s’est maintes fois exprimée à l’écrit, aujourd’hui c’est à travers la forme d’un documentaire.
C’est ainsi que Gilles Clément, 73 ans, nous parle des projets qui ont émaillé son parcours. La théorisation de ses grandes idées est illustrée d’exemples concrets et passionnants. En guise de titre, la paraphe de son plus bel enseignement : « le jardin en mouvement ».
« Le paysage n’est pas statique. C’est bien parce qu’il est voué à se transformer que le paysage nous émeut » constate Gilles Clément. Les végétaux ont une tendance au vagabondage, les plantes se promènent dans le jardin. Elles se ressèment spontanément et redessinent le paysage inlassablement. La nature invente et transforme sans arrêt, il faut apprendre à l’accompagner sans jamais aller à son encontre. « Je me rends compte que l’idée d’une maitrise de la nature par l’homme est illusoire et dangereuse. Il faut laisser faire, aller dans le sens des énergies en place. C’est du bon sens. »
Sa technique ? La connaissance empirique. C’est par l’observation et l’expérience du terrain que Gilles Clément a fait naitre sa célèbre philosophie du jardin en mouvement. « Il a fallu que j’oublie tout ce qu’on m’avait appris. Il fallait supprimer les plantes, les maladies, tuer les insectes… Moi, je voulais garder la diversité, mais je ne savais pas comment faire. J’ai dû tout désapprendre. » Faire fi des interdits, défier la logique, expérimenter, observer, méditer… Quel autre lieu que le jardin mêle la science, la politique et la poésie ? D’ailleurs, Sigmund Freud a eu ce regret tardif : « J’ai perdu mon temps; la seule chose importante dans le vie, c’est le jardinage. »
Avant toute autre chose, la pratique du jardinage nous apprend que l’ordre biologique correspond à une succession précise de comportements, d’apparitions d’espèces dans le temps. C’est un ordre rigoureux qui formellement ressemble à un désordre. « La vie avance selon un chaos poétique ». Ce qui nous fait défaut, explique Gilles Clément, c’est notre manque de connaissance, associé à une question d’habitude. On dit « c’est une mauvaise herbe », ou « ça doit être tondu ». Mais on ne sait pas vraiment pourquoi. Ce sont des choses acquises dont on a du mal à se défaire. Être un bon jardinier, c’est savoir se remettre en question.
Selon Henri Lewis, l’art de vivre, comme celui de jardiner, consiste en un subtil mélange entre « lâcher prise » et « tenir bon ».

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