Selon des observations scientifiques, les ours polaires développeraient des comportements inhabituels causés par le réchauffement climatique.
Un comportement étonnant a été observé en juin dernier sur un campement scientifique. Habituellement sur la banquise, l’ours polaire s’aventure rarement dans les terres. Cependant, la présence d’un ours polaire a été confirmée à plus de 3 200 mètres d’altitude au beau milieu de l’Inlandsis du Groenland. La cote la plus proche se trouvant à 320 km.
D’après Andrew Derocher, spécialiste des ours polaire, ce périple représente un record d’ascension pour l’espèce. « Je ne vois pas dans quel autre lieu un ours polaire aurait pu grimper aussi haut » a déclaré le spécialiste à l’Université d’Alberta au Canada. « C’est vraiment un comportement bizarre. Cet animal passe normalement toute sa vie à proximité de la mer.»

Cependant, le changement climatique entraîne des modifications de l’habitat des ours polaires. C’est en effet la fonte des glaces qui cause probablement ce déplacement inhabituel. Néanmoins, outre sa nécessité de banquise pour accéder à sa proie principale — les phoques — cette diminution de territoire met en danger la reproduction de l’espèce.
Les rencontres Homme-Ours sont donc de plus en plus fréquentes. C’est la troisième fois en trois ans qu’un ours polaire s’aventure dans une station de recherche scientifique située au cœur de l’Inlandsis du Groenland. Selon une étude publiée en 2017, 73 attaques d’ours ont été recensées entre 1870 et 2014. La majorité d’entre elles ont eu lieu entre 2010 et 2014, période à laquelle la superficie de la banquise était particulièrement restreinte.

Dans une étude réalisée en 2015, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) classait le changement climatique comme « la menace la plus importante pour les 26 000 ours polaires du monde ». Les chercheurs estimaient comme « hautement probable » une diminution de 30% de la population d’ici 2050, « en raison des changements dans leur habitat de glace de mer ».
Et pour cause, en 2017, la banquise arctique occupait à son minimum estival une superficie de 4.6 millions de kilomètres carrés, contre 60.5 millions en 1995.
Les spécialistes estiment que d’ici la fin du siècle, l’Arctique ne sera plus que mer en été. Pour l’heure, à cette saison, des courants poussent encore la banquise contre les îles arctiques canadiennes et le nord du Groenland, formant des poches de glaces. Cependant, les chercheurs affirment que « si le monde continue de se réchauffer, même ces ultimes refuges finiront par ne plus pouvoir subvenir aux besoins de l’espèce ».