L’annonce de la suppression d’une quarantaine de poste en 2018 au sein de la rédaction de France Télévisions surprend et inquiète.
Une quarantaine de postes supprimés
La direction de France Télévisions prévoit de supprimer une quarantaine « d’équivalents temps pleins » en 2018, contre 66 évoqués lors d’une première communication. Le chiffre reste colossal pour cette rédaction. La direction assure que les magazines « Complément d’enquête » et « Envoyé spécial » seront toujours diffusés au même rythme mais avec une durée réduite, soit trois soirées par mois.
De leur côté, les journalistes s’inquiètent : « Les 17 CDD ne seront pas renouvelés en juin et quatre journalistes en CDI vont être transférés au JT. Sur les 27 reporters que compte actuellement les deux magazines, seuls six vont être maintenus à leur poste. » Pour eux, il semble impossible de maintenir le rythme d’une soirée par semaine. Ainsi, une grande majorité des reportages seront alors confiés à des sociétés de production externes.
« C’est l’indépendance de l’info qui est en jeu pour des raisons budgétaires »
C’est la qualité de l’information qui risque ici d’en pâtir, car en effet, sans reporter, plus d’investigation. « Envoyé spécial » ne reposera plus que sur 4 journalistes titulaires contre 14 aujourd’hui. Quant à « Complément d’enquête », elle devrait continuer à tourner avec 10 reporters en moins, alors qu’ils sont 12 aujourd’hui. « C’est l’indépendance de l’info qui est en jeu pour des raisons budgétaires » s’indigne Elise Lucet.
Un reporter de « Complément d’enquête » rappelle alors que « ces marques vont devenir des coquilles vides. Pourtant, maintenant que l’investigation a disparu de Canal +, ces magazines sont les seuls du PAF à faire de l’investigation et du grand reportage. Quelle société extérieure va oser s’attaquer à un magnat des médias comme Vincent Bolloré ? ».
Coupure budgétaire de 47 millions d’euros
Ces coupures budgétaires opérées par la directrice de France Télévisions sont censées faire face à une perte de 47 millions d’euros de budget pour 2018 par rapport à cette année. En effet, l’augmentation de 30 millions d’euros qui était octroyée par le budget du ministère de la culture a été annulée par Françoise Nyssen, ministre de la culture.
De plus, à partir du 1er janvier, les publicités dans les programmes jeunesse seront supprimés comme convenu, ce qui laisse un manque à gagner de 17 millions d’euros chez France Télévisions, qui ne seront finalement pas compensés.
Autre source de revenus en baisse, la redevance TV ainsi que le TOCE (taxe sur les opérateurs de communications électroniques). Aujourd’hui, selon les professionnels du milieu et les syndicats, ces revenus semblent obsolètes en vue de nombre de spectateurs hors TV (sur ordinateurs, tablette ou smartphone). Pour ce qui est de la TOCE, qui été alors mise en place pour compenser l’arrêt de la publicité après 20h, France Télévisions ne perçoit plus que 160 millions d’euros sur 300 auparavant…
L’ensemble des journalistes espèrent encore pouvoir convaincre la présidente Delphine Ernotte, de réduire ces suppressions. Les prochaines assemblées générales seront donc décisives. Lors de la dernière assemblée, le vote d’une « motion de défiance » contre Delphine Ernotte avait tout de même été actée par les journalistes.
Crédit Photo : Patrice Pierrot / Citizenside

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