L’Agence Française de Développement (AFD) envisage d’exploiter de nouvelles concessions dans la forêt de la République démocratique du Congo, devenant ainsi responsable de l’émission de plus de 610 millions de tonnes de CO2, soit la pollution émise par l’aviation mondiale en 2015…
Une faille dans la protection de la forêt congolaise
Deuxième forêt tropicale mondiale après l’Amazonie, la forêt d’Afrique centrale représente l’un des poumons du continent africain : essentielle à la préservation des écosystèmes locaux et à la recapture du CO2, la forêt congolaise représente également une ressource clef dans le mode de vie de certaines populations autochtones, pygmée et bantou.
Originairement préservée de toute exploitation forestière, cette immense étendue verte pourrait bien se retrouver en danger depuis que la France a pris la présidence de la CAFI, l’initiative pour la forêt en Afrique centrale. En effet, si l’objectif politique affiché est de sanctuariser la forêt d’Afrique centrale, certains documents de l’AFD laisse penser que les motivations du gouvernement sont toutes autres…
Selon des informations de Mediapart et Greenpeace, le projet pourrait en réalité inciter l’exploitation industrielle de nouvelles parcelles de la forêt. Le moratoire prévu par la République démocratique du Congo ayant été régulièrement violé, l’administration congolaise est aujourd’hui prête à faire de nouvelles concessions sur la protection de ses espaces naturels.
La France prête à renoncer à ses engagements en matière d’environnement…
L’AFD semble avoir sauté sur l’occasion pour participer à l’exploitation de la forêt tropicale. D’après certains de ses documents de travail, cette dernière aurait proposé au comité FONAREDD, chargé du suivi des opérations liées à la déforestation en RDC, « d’appuyer l’exploitation industrielle légale des trois anciennes provinces forestières (…) le secteur forestier offre de réelles opportunités de développement » ainsi que réviser les taxes qui « brident le développement de la filière industrielle ».
Ce sont près du triple des surfaces forestières déjà allouées aux industriels qui pourrait être concerné, soit plus du quart de la forêt du pays… L’AFD a cependant démenti un tel projet et affirme soutenir le maintien du moratoire sur l’octroi de nouvelles concessions à des entreprises forestières. Les projets de l’AFD ont selon Jean-Luc François été réalisés « en prévision de la levée du moratoire »… Une schizophrénie, jugée très inquiétant par la plupart des ONG sur le terrain. En effet pour Patrick Saidi Hemedi, coordinateur national des groupes des peuples autochtones de RDC « prévoir l’expansion de l’exploitation industrielle du bois pose des problèmes de gouvernance (…) les autochtones pygmées sont discriminés et réprimés par la police quand elle intervient en défense des concessionnaires ».

Pour commander notre nouveau Livre-Journal, cliquez sur l’image !