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La France, championne du monde des actionnaires les mieux payés… au détriment des salariés

Oxfam et le Basic viennent de lâcher une nouvelle bombe avec une étude inédite nommée « CAC 40, des profits sans partage : comment les grandes entreprises françaises alimentent la spirale des inégalités. » Cette étude montre l’inégale répartition de la richesse créée dans les entreprises françaises du CAC 40. « Non, non, rien n’a changé » Les mois se […]

Oxfam et le Basic viennent de lâcher une nouvelle bombe avec une étude inédite nommée « CAC 40, des profits sans partage : comment les grandes entreprises françaises alimentent la spirale des inégalités. » Cette étude montre l’inégale répartition de la richesse créée dans les entreprises françaises du CAC 40.

« Non, non, rien n’a changé »

Les mois se suivent et se ressemblent parfois désagréablement. En Janvier, l’annonce était tombée comme un coup de massue. On apprenait qu’en 2017, les 1% les plus riches ont gagné 82% des richesses créées, soit sept fois le montant qu’il faut pour éradiquer la pauvreté extrême. En mai, c’est les grandes entreprises du CAC 40 qui sont passées au crible grâce au travail méticuleux effectué par Oxfam France et Basic. Loin des beaux discours sur la Responsabilité Sociétale et Environnementale (RSE) soi-disant mise en place par les grands groupes, le bilan est sans appel :

« Les richesses n’ont jamais été aussi mal partagées au sein des entreprises du CAC 40 entre ses différentes parties prenantes, actionnaires, PDG et les salariés. » Extrait du rapport Oxfam France – Basic

93 milliards d’euros en 2017, un bénéfice record pour les entreprises du CAC 40, un des principaux indices boursiers au monde, voilà le type de richesses dont parle le rapport. Ces entreprises pèsent aujourd’hui plus de 1300 milliards d’euros de chiffres d’affaires, soit plus de la moitié du PIB de la France. Une telle manne financière aurait pu considérablement augmenter le niveau de vie des salariés. Hélas, depuis 2009, les entreprises du CAC 40 ont reversé plus de deux tiers de leurs bénéfices à leurs seuls actionnaires sous forme de dividendes. Au contraire des effets prônés par la théorie du ruissellement, elles n’ont réinvesti que 27,3% dans leur fonctionnement, et consenti à donner seulement 5,3% à leurs salariés. 

Si les entreprises du CAC 40 avaient choisi de maintenir en 2016 le même niveau de dividendes qu’en 2009, et d’augmenter ainsi la rémunération des employés plutôt que celle des actionnaires, chacun de leurs employés aurait eu une augmentation de plus de 2 000 euros par an !

Crédit : Bonjour Tristesse – Les milliardaires sont des terroristes

« Je ne vais pas les taxer d’individualistes, alors que leur égoïsme est sanguinaire. »

Certaines entreprises versent plus de dividendes qu’elles ne font de bénéfices

A l’échelle mondiale, si les Etats-Unis sont en tête sur le volume total de dividendes versées en raison de la taille bien plus importante des grandes entreprises, c’est la France qui est la championne pour reverser la plus grande part des bénéfices aux actionnaires.

Pour arriver à un tel « record mondial », certaines entreprises françaises marchent carrément sur la tête comme Engie, ArcelorMittal ou Veolia. En 2016, Engie a ainsi réussi le tour de force de verser 15 fois plus de dividendes à ses actionnaires que ce qu’elle avait fait de bénéfices ! Le rapport précise que cette priorité est assumée sans aucun complexe par le groupe Engie, comme on peut le lire dans son document de référence : « l’objectif principal du Groupe en termes de gestion de sa structure financière est de maximiser la valeur pour les actionnaires ». Tout est dit…

Tous les salariés de ces grandes entreprises ne sont cependant pas traités à la même enseigne. Les dirigeants ont ainsi vu leurs salaires augmenter deux fois plus vite que les autres salariés de leur entreprise, et quatre fois plus vite que le SMIC !

« Entre 2009 et 2016, le ratio moyen entre la rémunération du PDG et le salaire moyen de l’entreprise était de 306 chez Carrefour, 270 chez LVMH et 227 chez Danone. Il faudrait donc plus de trois siècles au salarié moyen de Carrefour pour gagner autant que son PDG en un an. » Extrait du rapport Oxfam France – Basic 

On le rappelle, Carrefour a récemment annoncé un plan prévoyant la suppression de 2 400 postes français, provoquant une mobilisation massive des salariés. 

Pour calculer ces estimations, Oxfam France et Basic ont dû faire un travail de fourmi en reconstituant le salaire moyen de chaque entreprise concernée dans le cadre de cette étude. En effet, aucune entreprise du CAC 40 ne souhaite dévoiler son salaire médian, pratiquant ainsi une véritable rétention d’informations.

Une logique court-termiste dénoncée… par les fonds d’investissement !

Les salariés ne sont pas les seules victimes de cette inégale répartition des richesses. Les fournisseurs des entreprises du CAC 40, les sous-traitants, tous voient leur marge tirée vers le bas pour satisfaire la cupidité des actionnaires. Exemple donné dans le rapport : les agriculteurs français qui fournissent Carrefour gagnent en moyenne 19 130 euros par an, soit 508 fois moins que le PDG de l’entreprise. Pour les pays du Sud, en raison de l’écart du niveau de vie avec les pays du Nord, l’estimation est encore plus irréelle : il faudrait 64 ans pour que les cueilleuses de thé en Inde parviennent à gagner autant que le PDG de Carrefour en une journée.

Plus inquiétant, la posture de l’Etat français, lui-même actionnaire de certaines de ses entreprises. Pour augmenter leurs bénéfices, les sociétés du CAC 40 ont quasiment toutes recours, et de plus en plus, aux paradis fiscaux. Pour pallier à ce manque à gagner d’impôts, le taux de redistribution des bénéfices en faveur des actionnaires est de 80% dans les entreprises où l’Etat est présent. 

Pour Manon Aubry porte-parole d’Oxfam France et co-auteure du rapport : « Parce qu’elles créent une grande partie de la richesse, les grandes entreprises ont leur part de responsabilité à prendre dans la lutte contre les inégalités. Elles doivent profondément changer pour que les richesses soient mieux partagées et redistribuées avec celles et ceux qui la créent : les salariés. Tandis que le FMI n’en finit plus de dénoncer l’impact des inégalités sur la croissance, ce sont désormais des fonds d’investissement qui s’inquiètent de l’hystérie de la culture des résultats à court terme ! »

Oxfam invite donc le gouvernement et les parlementaires français à profiter de l’examen de la loi PACTE et de la loi fraude fiscale pour redistribuer plus équitablement les bénéfices, limiter les écarts de salaire au sein des entreprises, réformer la gouvernance des entreprises pour rééquilibrer les prises de décision en faveur des salariés, et mettre un terme à l’évasion fiscale des multinationales.

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Laurie Debove

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