Alors qu’aujourd’hui s’ouvrent les Etats Généraux de l’Alimentation, une enquête IPSOS montre les évolutions positives de nos habitudes alimentaires. D’après l’étude, il semblerait que les Français soient de plus en plus attentifs à leur alimentation que ce soit concernant la provenance, la qualité, l’emballage ou le contenu des produits.
Nous écrivions très récemment dans nos lignes que l’alimentation au sein de la population française restait un marqueur social très fort. Il semblait en effet que les habitudes alimentaires évoluaient à deux vitesses : des habitudes plus saines et respectueuses de l’environnement pour les classes sociales dites « supérieures » et inversement pour les classes sociales dites « inférieures ». Pourtant, aujourd’hui, c’est bien la classe moyenne qui est numériquement dominante, et la classer dans l’une ou l’autre catégorie n’a pas vraiment de sens. Elle reste ce gouffre où les identités hybrides, les « bricolages » sociaux et les habitus clivé se rencontrent.
Pour prendre davantage en compte les habitudes alimentaires de la population, sans segmenter celle-ci en des catégories sociales aujourd’hui dépassées, la Fondation Daniel & Nina Carasso et l’institut de sondage Ipsos ont réalisé une enquête auprès de 1 022 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus, pour lever le voile sur les véritables « pratiques alimentaires des Français au regard des enjeux de durabilité ». On peut toutefois émettre la critique qu’il s’agit d’un sondage réalisé sur internet et donc dont la fiabilité des réponses peut être mise en doute, mais aussi que les questions pouvaient inciter les sondés à « surestimer » leur alimentation responsable.
« Les pratiques permettant concrètement de réduire l’impact social et environnemental de l’alimentation sont fréquentes dans un tiers des foyers français. »
Quoi qu’il en soit, l’étude révèle que dans des domaines très larges, les consommateurs disent avoir modifié leurs habitudes alimentaires. D’abord, dans la prise en considération du développement durable, 67% des sondés disent avoir tendance à réduire la quantité de nourriture qu’ils jettent, 47% cherchent des produits ayant un faible impact sur l’environnement ou étant respectueux du bien-être animal et 1 sondé sur 3 dit renoncer souvent ou systématiquement aux produits sur-emballés.
Ensuite, en ce qui concerne la qualité des produits consommés, d’après le sondage plus de 3 Français sur 4 privilégieraient régulièrement les produits frais. De plus quatre critères décisifs dans la sélection des produits alimentaires ont été largement cités par les personnes interrogées : la saisonnalité (40%), les conditions de production (34%), l’origine géographique (34%) et le respect de l’environnement (33%). Même si ces critères arrivent après le goût/le plaisir (56%) et le prix (55%), on constate une prise en considération de plus en plus importante du « manger local ».


Face à une crise de confiance grandissante entre les Français et la nourriture qu’ils consomment – 57% s’inquiètent de la qualité des produits – ils sont nombreux à vouloir « aller plus loin pour améliorer l’impact social et environnemental de [leur] alimentation, notamment en favorisant les produits locaux et la lutte contre le gaspillage ».
En effet d’après l’étude : « 75% des personnes interrogées se disent prêtes à consommer autant que possible des aliments produits à proximité, 70% à consommer essentiellement des produits de saison et 68% à acheter plus souvent des fruits et des légumes présentant des défauts ou abîmés, 61% à faire principalement leurs courses dans des magasins dont ils considèrent qu’ils proposent des produits durables (artisans, marchés, AMAP) ». Le principal frein reste encore et toujours le prix, mais quand les mentalités changent, l’offre n’a d’autre choix que de s’adapter…
Enfin, les consommateurs attendent d’avoir davantage d’informations sur les conséquences sociales, environnementales et sanitaires de leur alimentation. 83% des sondés disent ne pas avoir assez d’informations concernant l’impact social des produits, et 78% pour l’impact environnemental et sanitaire. De même, près de 2 Français sur 3 estiment ne pas disposer d’assez d’informations sur le contenu des produits qu’ils consomment, et ce malgré les étiquettes (qui, on l’avoue n’ont pas l’être d’être faites pour être lues).
Le sondage, même s’il est évidemment imparfait et qu’il ne saurait nous dire exactement dans quelles proportions les habitudes alimentaires des Français ont évolué, nous dit du moins que les mentalités ont changé, que les consciences se sont éveillées et que le besoin d’un changement structurel se fait de plus en plus pressant !

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