Le traditionnel classement des 500 fortunes de France 2017 de Challenges est sorti hier et le bilan est sans précédent. Si en 22 ans de classement, le PIB français a à peine doublé, la fortune des 500 plus riches a été multipliée par 7. Cherchez l’erreur.
Pas d’entrée au classement en dessous de 130 millions d’euros
En 1996, le PIB français s’élevait à 1 259 milliards d’euros pour 2 222 en 2017, d’un autre côté, la fortune des 500 plus riches est passée de 80 à 571 milliards d’euros dans la même période et la fortune cumulée des 10 Français les plus riches, quant à elle, a été multipliée par 12. Lors des premières années du classement Challenges, considéré comme le Forbes français, il n’y avait qu’une dizaine de milliardaires, contre plus de 90 aujourd’hui. Les investissements à l’étranger sont responsables de l’enrichissement de nombreux hommes d’affaires français : il faut aller chercher de la croissance là où il y en a. Le FMIC (Fortune minimum d’insertion dans le classement), utilisé par Challenges pour son classement, a augmenté de 30% en passant de 100 à 130 millions ; oui, en dessous de 130 millions d’euros, on n’est même pas dans les derniers. Sur le podium, les plus riches des plus riches ont vu leur fortune cumulée progresser de 35%. La palme d’or revient à Bernard Arnault qui, ayant doublé sa fortune grâce à l’explosion du cours des actions LVMH, dépasse Liliane Bettencourt.
Un écart vertigineux entre les plus riches et les plus pauvres
Le 22ème palmarès offre une vision sur l’un des plus vieux débats du monde : la concentration des richesses. Cette dernière est de plus en plus importante et dessine/décime notre société. Dans le monde, 1% de la population mondiale possède la moitié des richesses disponibles, l’autre moitié n’étant pas mieux répartie puisque 80% de la population mondiale doit se contenter de 5,5% des richesses.
Le coefficient de Gini mesure la répartition de la richesse. Le nombre varie de 0 à 1, où 0 signifie l’égalité parfaite et 1, l’inégalité parfaite. La France se situe à 0,3, à comparer par exemple à la Suède qui est à 0,2, au Royaume-Uni à 0,33 et aux Etats-Unis et à la Chine à 0,45. Depuis 40 ans, l’écart entre les plus riches et les plus pauvres se creuse alors que de plus en plus de richesse est créée. Si le système de protection sociale français limite le creusement de ces écarts, l’équité en matière de revenus est bien loin d’être au goût du jour. On est à des années lumières de « la majestueuse égalité des lois » dépeinte par Anatole France, celle « qui interdit au riche comme au pauvre de coucher sous les ponts, de mendier dans les rues et de voler du pain ».
Jusqu’où ira-t-on à ce rythme ?
L’Homme est l’animal le plus dangereux au monde. Egoïste par nature et peu empreint de valeurs communautaires, il se dirige vers sa propre autodestruction. La mort quotidienne de certains, de faim ou de soif, contre la vie d’autres dont la fortune se compte en milliards, n’est pas une situation durable. Il est évident que les efforts, le travail acharné et parfois la chance peuvent mener à la construction d’un patrimoine important : être riche n’est pas un gros mot ou une tare ! Mais nous pouvons tous être riches, riches dans le sens où nous pouvons nous loger, nous nourrir, nous abreuver, avoir des loisirs, accéder à la culture, voyager et riches par nos valeurs, notre sens du partage, de la solidarité. Les ressources sont disponibles mais ne sont pas distribuées de la bonne manière. Nous avons nous-mêmes créé un système qui mène à notre perte : cessons de l’alimenter bêtement et continuons, petit à petit, à nous tourner vers des alternatives nouvelles de consommation et de modes de vie plus respectueux de l’environnement et surtout, de notre prochain.

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