Le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert l’a annoncé mercredi 20 septembre : les aides du gouvernement pour le maintien de l’agriculture biologique, c’est fini ! Ou plus précisément, le gouvernement remet leur sort entre les mains des régions et du marché.
« Verba Volant »
A l’occasion du salon Tech et Bio, qui s’est tenu la semaine dernière à Bourg-lès-Valence dans la Drôme, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Stéphane Travert, a annoncé que l’Etat se désengagerait des subventions versées aux agriculteurs qui sont destinées à les accompagner pendant les 3 premières années de leur nouvelle activité. Ce sera donc aux régions de prendre en charge – s’ils le souhaitent, ou plutôt s’ils en ont les moyens – ces aides précieuses pour les agriculteurs.
On imagine sans peine la stupeur qui a parcourue l’assemblée mercredi dernier : d’un côté le souvenir encore bien présent d’un gouvernement qui promettait à tour de bras des mesures destinées à pérenniser et développer l’agriculture bio, et de l’autre le sentiment amer d’être encore une fois pris pour des pigeons.
Un « réalisme politique » qui trouve des soutiens
Alors bien sûr le gouvernement justifie ce désengagement par une forme de réalisme politique, promettant à nouveau qu’il augmentera les aides destinées aux reconversions (distinctes des aides au maintien) et accompagnera le développement – disons structurel – de la filière bio en facilitant les mécanismes de transformation et de distribution. En attendant, les coupes des aides sont déjà bien réelles tandis que les promesses d’accompagnement semblent sonner particulièrement faux après ce nouvel impromptu.

Malgré les critiques qu’ont soulevé cette mesure, l’Etat s’est pourtant trouvé en accord avec le syndicat agricole FNSEA qui considère que « la priorité, c’est la conversion. Pour l’aide au maintien, nous pensons que c’est au marché de prendre le relais. » A l’inverse, le syndicat Confédération paysanne estime que le gouvernement manque à ses obligations et qu’il faut « rééquilibrer le rapport de force entre les paysans et l’aval, et que l’Etat réendosse la responsabilité qui est la sienne, à savoir engager et accompagner la nécessaire transition agricole. »
Sacrifier les agriculteurs sur l’autel de l’économie…
Il n’est en effet pas absurde, au vu de la hausse « historique » que connaît la filière bio depuis plusieurs années (le marché est évalué à près de 7 milliards avec une hausse de 20% entre 2015 et 2016), de considérer que le marché peut désormais assurer aux acteurs des rentrées financières suffisamment importantes pour pouvoir passer le cap de l’étape transitoire. Pourtant, même si les chiffres de la filière bio sont bons, n’oublions pas que c’est tout le monde agricole qui connaît une crise importante. Ainsi en laissant le destin de cette filière encore jeune dans les mains invisibles du marché, on la condamne soit à une baisse de qualité (baisse des inspections), soit à une paupérisation de ses acteurs (prix compétitifs pour les agriculteurs ayant plus de trois ans de culture bio et difficultés pour les autres).
En outre, ce qu’on peut craindre – à juste titre – c’est que cette mesure freine le développement de la filière et aggrave la situation des agriculteurs, déjà largement précaires. La mesure sera effective à partir de janvier 2018 et les aides au maintien devraient être conservées pour les agriculteurs s’étant reconvertis entre 2015 et 2017.

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