Jeudi dernier (12 octobre 2017), le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a annoncé le retrait des Etats-Unis de l’UNESCO, l’organisation mondiale pour l’éducation, la science et la culture. Rapidement suivi par l’état d’Israel, les deux pays mettent en cause les dysfonctionnements internes de l’organisation ainsi que sa politique « anti-israélienne ». L’occasion de revenir sur la crise qui traverse l’UNESCO depuis 2011.
L’UNESCO en crise
Créée en 1945 à la suite des dégâts de la seconde guerre mondiale, l’UNESCO est une institution spécialisée de l’ONU. Elle a pour objectif de « contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la culture, la collaboration entre Nations, afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’Homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, que la Charte des Nations unies reconnaît à tous les peuples » selon son acte constitutif.
Depuis sa création, ce n’est pas la première fois que l’organisation connait des difficultés avec les Etats-Unis. En effet, le président Ronald Regan avait déjà quitté l’UNESCO, mettant en cause le poids financier trop important de la participation américaine, un des plus gros contributeurs avec plus de 22% du budget. C’est aujourd’hui, entre autres, les « préjugés anti-israéliens » de l’organisation de l’ONU qui sont mis en cause.

Une politique anti-israélienne ?
Les tensions entre les Etats-Unis et l’UNESCO à propos des enjeux israéliens ne datent pas d’hier : en effet, après l’admission de la Palestine en tant qu’Etat membre de l’UNESCO en 2011, les Etats-Unis avaient arrêté leur participation au financement de l’organisation. Allié historique d’Israel, ces derniers ont progressivement pris leurs distance avec l’organisation, jusqu’au point de rupture en juillet dernier où la décision de l’UNESCO concernant l’inscription de la ville d’Hébron au Patrimoine mondial avait suscité la fureur d’Israel.
Située dans le Sud de la Cisjordanie, cette ville est un lieu de tensions très importantes entre Juifs et Palestiniens : la décision de l’UNESCO classait en effet cette ville comme un « site palestinien (…) d’une valeur universelle exceptionnelle », en prévention contre les propriétés palestiniennes menacées de dégradation ou de destruction.
Une décision largement regrettée par l’ONU et la communauté internationale
La directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova a annoncé regretter cette décision de la part des Etats-Unis, notamment « au moment où la lutte contre l’extrémisme violent appelle à un renouveau des efforts pour l’éducation et le dialogue des cultures ». Elle a également souligné « l’immense perte pour la famille des Nations-Unies et pour la multilatéralisme » que représentait le départ des Etats-Unis et d’Israël.
L’organisation pourrait bien se retrouver grandement fragilisée par cette décision : en effet, la perte de revenus engendrée par ces deux retraits va diminuer de plus de 20% les ressources dont elle dispose. C’est donc un grand chamboulement qui s’annonce au sein de l’UNESCO, après lequel il faudra savoir rebondir. Mais pour Eleanora Mitrofavona, ancienne ambassadrice russe à l’UNESCO, ces retraits pourraient pourtant faciliter le fonctionnement de l’organisation à l’avenir « ce n’est pas un problème, il sera plus facile pour l’Unesco de travailler sans eux » (les Etats-Unis-NDLR). « Ils n’ont été d’aucune utilité pour l’organisation ces dernières années ».

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