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En France, les 10% les plus riches touchent 24% de la masse des revenus

En 2017, les plus riches ont perçu environ 24 % de la masse totale des revenus de notre pays.

Un rapport de l’Observatoire des inégalités, élaboré grâce à des outils de mesure novateurs et plus équitables, constate une augmentation continue des écarts de richesses sur les vingt dernières années en France.

Le 27 janvier, l’Observatoire des inégalités, un organisme indépendant fondé en 2003 par des économistes, des sociologues et des philosophes, a publié un rapport établissant d’une façon certaine que les inégalités de revenus entre les riches et les pauvres n’ont cessé d’augmenter depuis vingt ans.

Pour procéder à ses calculs, l’institut s’est fondé sur un instrument de mesure inventé en 2011 par Jose Gabriel Palma, un économiste chilien de l’université de Cambridge. Nommé « ratio de Palma », cet indice peu connu et qui n’est presque pas employé en France permettrait de calculer d’une façon plus fiable et objective les dynamiques de captation des revenus dans un pays.

À l’inverse du vieux « coefficient de Gini », qui englobe toute la population selon une échelle allant de 1 (un individu perçoit tous les revenus) à 0 (la société est strictement égalitaire), le ratio de Palma prend en compte les revenus des 10 % les plus riches et des 40 % les plus pauvres. De ce fait, il est plus à même de témoigner des inégalités données d’un pays, sans pour autant tomber dans le piège quelque peu simpliste de l’élite du 1 % opposée aux masses des 99 %.

En effet, l’intérêt de l’indice de Palma est d’évincer de ses calculs le « mythe » de la classe moyenne, de laquelle une grande part des classes supérieures se réclame plus ou moins hypocritement. Comme le souligne Louis Maurin, le fondateur de l’Observatoire des inégalités, dans l’éditorial du Rapport sur les inégalités en France de 2019 :

« le “tous unis contre les super-riches” permet aux catégories aisées de se donner bonne conscience et de se défausser de l’effort de solidarité sur le 1 % du haut de la hiérarchie. La façon dont les couches aisées se travestissent en classes moyennes dites “supérieures” est au cœur de ce tour de passe-passe. »

Voici donc ce que cet outil de calcul nous indique. En 1997, la masse des revenus perçus par les 10 % des personnes les plus riches en France s’établissait selon le ratio de Palma à 1, par rapport aux revenus captés par la tranche des 40 % les plus pauvres, ce qui veut dire que les 10 % du sommet gagnaient autant que les 40 % de la base.

En 2017, en revanche, le ratio nous montre que cet écart s’établit à 1,06, après des hausses plus ou moins marquées mais continues, ainsi qu’un pic entre 2008 et 2011 (1,14).

Si une telle augmentation peut paraître anodine, n’oubliez pas que nous parlons de milliards d’euros de revenus et de millions de personnes.

Dans le détail, les plus riches ont perçu en 2017 environ 24 % de la masse totale des revenus de notre pays, alors que les plus pauvres n’en ont reçu qu’entre 22 et 23 %. L’augmentation du revenu des uns et la baisse de celui des autres semblent donc représenter une tendance nette, implacable       , que la crise de 2008 n’a pas enrayée et que les mesures d’Emmanuel Macron ne risqueront pas non plus de contrecarrer, bien que certains journaux profitent de l’aspect peu spectaculaire de l’indice pour dire qu’en France, les « inégalités sont stables ou quasiment ».

De fait, si le système social français nous protège des inégalités indécentes qu’on constate dans certains pays comme l’Afrique du Sud, d’autres instruments de mesure viennent corroborer les conclusions de l’Observatoire des inégalités.

Selon l’ONG Oxfam, qui l’a une nouvelle fois écrit dans son rapport annuel sur les inégalités publié en janvier, les 2153 milliardaires que compte notre planète possèderaient à eux seuls des richesses équivalentes à celles de 4,6 milliards de personnes, c’est-à-dire 60 % de la population mondiale. On est très loin du ruissellement.

De la même manière, dans les pays du G7, la moyenne des salaires n’a augmenté que de 3 %, alors que dans le même temps, les dividendes touchées par les riches actionnaires ont grimpé de 31 %, un bondissement qui nous fait également bondir !

Autre preuve, plus spécifique à la France : l’évolution du taux de pauvreté. En 2018, le pourcentage de personnes vivant sous le seuil de pauvreté aurait augmenté de 0,6 point, se hissant désormais à 14,7 % de la population. Il y aurait ainsi 9,8 millions de pauvres « officiels » ou disons plutôt reconnus dans notre pays.

Cette hausse pourrait s’expliquer, selon une simulation de l’Insee publiée en janvier, par les récentes mesures du gouvernement français depuis 2017, comme la suppression de l’impôt sur la fortune ou la baisse des différentes allocations, le creusement des écarts de salaires, la baisse des retraites et du pouvoir d’achat, le coût de la vie de plus en plus élevé…

Bien qu’ils ne disent pas la même chose, tous les indicateurs nous avertissent donc d’une situation des plus inquiétantes, à laquelle il devient sans cesse plus difficile de s’opposer.

Augustin Langlade

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