En France Métropolitaine, l’année 2018/2019 a été particulièrement sèche. Cette année marque la tendance sévère des conséquences de la crise climatique sur le pays. Inquiets par les ravitaillements en eau déjà habituels dans certaines communes, un collectif de citoyens a lancé un site national pour ne pas être pris par surprise par les pénuries d’eau : « sécheresses ».
La France, pays de la sécheresse et des pénuries d’eau
« Eaufrance », le service public d’information sur l’eau, publie chaque mois le bulletin national de situation hydrologique (BSH national) qui décrit l’état des ressources en eau sur le territoire métropolitain du mois précédent. Celui publié fin septembre 2019 est limpide : la France a subi, et subit encore malgré les premières pluies tardives, des sécheresses qui ont asséché les sols et vidé les nappes d’eau souterraines.
« Au cours de l’année hydrologique 2018-2019, le cumul de précipitations a été déficitaire de près de 20 % en moyenne sur la France. Tous les mois, décembre 2018 excepté, ont connu des cumuls de pluie inférieurs à la normale. Au 12 septembre, 87 départements ont mis en œuvre des mesures de restrictions des usages de l’eau. À titre de comparaison, sur la même période en 2018, 61 départements étaient concernés par au moins un arrêté préfectoral de limitation des usages. Ils étaient 78 en 2017 et 45 en 2016. » précise ainsi le bulletin de septembre 2019
L’ensemble du territoire métropolitain a été touché, et les agriculteurs n’ont pas été les seuls à ressentir les effets de cette sécheresse prolongée. En Creuse, le maire de Guéret, Michel Vergnier, a bien failli devoir couper l’alimentation en eau potable de la ville. En Haute-Saône et dans le Doubs, les habitants ont été ravitaillés en eau par camions citernes. Dans l’Indre, 2500 km de rivières sont quasiment à sec. En Dordogne, des maisons sont devenues inhabitables.
« Le point commun entre tous les territoires qui ont traversé des pénuries d’eau est leur sous-sol qui conserve mal l’eau en quantité suffisante : ils sont donc vulnérables à des sécheresses prolongées. Ces sécheresses « exceptionnelles » arrivaient peut-être une année sur trente dans le siècle dernier, mais à partir de 2050/2060 elles se produiront une année sur deux dans beaucoup de territoires. Les sécheresses de 2018 et de 2019 étaient un avant goût de ce qui deviendra de plus en plus régulier. » explique ainsi le collectif à l’origine du site « Sécheresses »
Un collectif de citoyens cartographie les risques de pénuries
Face au manque de lisibilité des éléments existants sur le sujet, ce collectif de citoyen-ne-s bénévoles s’est lancé dans une grande enquête pour mieux comprendre et compiler les différentes informations disponibles. Ils ont interrogé des experts et spécialistes, mais aussi recueilli les témoignages d’habitants, professionnels et élus pour mieux comprendre les enjeux liés à la préservation et l’utilisation de l’eau.

Ils ont pu ainsi lever les idées reçues. Première surprise, ce ne sont pas les territoires les plus habitués aux sécheresses qui vont être le plus impactés, mais plutôt les territoires les plus verts de France qui seront confrontés à une transformation radicale des forêts et rivières qui s’y trouvent. Egalement, les sols trop secs seront moins capables d’absorber l’eau de pluie et ne pourront donc pas recharger les nappes phréatiques. Le collectif estime que plusieurs centaines de milliers de personnes risquent des pénuries d’eau potable plusieurs semaines/mois par an à partir de la deuxième moitié du XXIème siècle
« S’il pleut, c’est qu’il fait beau : rappelons qu’en France le réchauffement climatique sera hélas un assèchement climatique. A cause de l’inertie du CO2 une fois dans l’atmosphère, la dérive climatique des 20 prochaines années est malheureusement scellée quoi que l’humanité fasse sur les émissions. Comme il n’est pas certain que les centrales à charbon chinoises, indiennes, américaines (il en reste un paquet !) et allemandes soient mises à la ferraille demain matin (il le faudrait), un peu moins d’argent dans les ronds points, les nouveaux centres commerciaux, le 4ème terminal de Roissy, la 5G ou les éoliennes et un peu plus dans la préparation de la forêt, des sols et des cultures à ce qui nous attend demain ne serait pas de la mauvaise gestion… » a réagi Jean-Marc Jancovici, ingénieur-climat et membre du Haut Conseil pour le Climat
C’est bien pour informer et inciter les gens à adopter une gestion saine et maîtrisée de l’eau que le collectif a créé le site. Pour eux, « cette situation va nous interroger sur notre partage des biens-communs : Allons-nous nous approprier l’eau au détriment des autres – ou nous placer du côté de la solidarité ? »