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En deux jours, 400 personnes ont bloqué la production de trois sites de ciment en Ile-de-France pour dénoncer les ravages du BTP

Les activistes ont bloqué la sortie des camions-bétonnières. Certains, harnachés de matériel d'escalade, ont déployé des banderoles depuis le sommet des tours de stockage pour exiger « la fin des écocides ».

Toujours en cours à Pantin, l’action Fin de Chantiers est menée par un regroupement de plusieurs collectifs. Ils ont bloqué la production de trois sites industriels du BTP pour dénoncer l’impact écocidaire de cette industrie et son rôle majeur dans la crise climatique.

La contestation

Aux premières lueurs ce lundi 17 février, 400 personnes se sont rendues sur les quais d’Issy les Moulineaux, près de Paris, pour une action directe de désobéissance civile : bloquer la production de deux sites des cimentiers Lafarge et Cemex (filiale d’un groupe mexicain).

Pendant 8 heures, 400 personnes ont investi les lieux avant de repartir en fin de journée alors qu’un groupe, suivi de près par des CRS, a rejoint l’assemblée nationale où se tenait un rassemblement contre la réforme des retraites.

Parmi les militants : des citoyen·ne·s ignoré·e·s des grands projets, architectes et ingénieur·e·s conscient·e·s de la crise écologique. Les activistes ont bloqué la sortie des camions-bétonnières devant alimenter des chantiers en cours, en les aspergeant de peinture et y inscrivant des slogans comme « 1 tonne de ciment = 900 kg de CO2 ». Certains, harnachés de matériel d’escalade, ont déployé des banderoles depuis le sommet des tours de stockage pour exiger « la fin des écocides ».

Crédit : Léa Garson

« Après l’occupation de Châtelet, on avait vraiment envie de cibler des industries précises avec des actions appuyées par des chiffres scientifiques les concernant. S’il était un pays, le béton serait le 3ème pollueur mondial, responsable de 8% des émissions mondiales de CO2 ! Trois cimenteries nationales, dont Lafarge, qui est aussi accusée de corruption et de crime contre l’humanité, font ainsi partie des dix plus gros pollueurs en terme d’émissions de GES et CO2 ! C’est pour ça que nous avons choisi ce premier site qui alliait à la fois les problématiques liées au béton et au ciment. » explique Léa, une rebelle architecte de métier, pour La Relève et La Peste


En effet, 4,6 milliards de tonnes de ciment sont produites chaque année dans le monde, soit 2 kg/personne/jour ! A la base de cette production : le sable, particule élémentaire indispensable à notre développement moderne, et déjà menacé d’extinction, nos sociétés voraces le consommant bien plus vite que sa capacité de régénération. L’érosion des littoraux tellement accélérée que 75% à 90% des plages sont menacées d’extinction.

L’artificialisation des sols est également la cause majeure de la destruction et de la fragmentation des écosystèmes, et de la sixième extinction de masse.

En France, le phénomène est tel que l’artificialisation croît trois fois plus rapidement que la population, avec un rythme de + 1,4 % en moyenne par an entre 2006 et 2015 ! Aujourd’hui, il est estimé que seulement 52,7 % du territoire métropolitain français reste peu anthropisé.

La proposition

Sur place, les militants ont échangé dans une ambiance chaleureuse avec les salariés présents, pour mieux leur expliquer leurs revendications. Ils ont ainsi réalisé des happenings et des interventions de spécialistes de l’urbanisme ou de la construction écologique, pour détailler les possibilités et avantages de matériaux telle que la paille, le bois ou la terre, participant à la capture de CO2 et moins énergivores.

Selon une étude de l’ADEME, la rénovation d’anciens bâtiments consommerait en moyenne 80 fois moins de matériaux que la construction neuve !

« Dans mon métier, j’ai fait un choix depuis une dizaine d’années : ne travailler que sur de la rénovation, des réhabilitations, sur tout ce qui est ré-emploi de matériaux. En plus d’utiliser moins de ressources, la rénovation permet de bâtir une nouvelle économie locale qui favorise les compétences et savoir-faire artisanaux. En ce moment, je travaille sur le projet de réhabilitation d’un grand bâtiment de 7000m2 qui date du XIXème siècle à Rennes. On a mis en place tout un circuit pour que le ré-emploi soit au cœur du projet que ce soit les ardoises, lavabos, ou la menuiserie, et ça marche ! » explique Léa, rebelle et architecte, pour La Relève et La Peste

Autres inquiétudes sur le site Lafarge-Cemex, celles du collectif des riverains de Javel qui se sont vus imposer le projet d’extension du site Lafarge Mirabeau qui souhaite tripler son volume de production sur place. Depuis 1 an ½, les riverains mènent un combat judiciaire contre ce projet car les permis de construire ont été validés à la va-vite, sans prendre en comte toute la pollution générée par ces sites dans la Seine, les écoles environnantes et le quartier.

Galvanisés par la réussite d’hier, un plus petit groupe d’une trentaine de personnes bloquent encore, à eux seuls, toute l’activité d’un autre site cimentier aujourd’hui à Pantin. L’Action Fin de Chantiers a sonné le coup d’envoi d’une grande mobilisation contre les Grands Projets inutiles.

Crédit Photos : Yanis Langeraert – Fanny Dollberg – Maya

Laurie Debove

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