Ce lundi 4 septembre, McDonald’s connaissait pour la première fois au Royaume-Uni une situation de grève. Une quarantaine de salariés de deux restaurants, à Cambridge et à Crayford se sont mis à manifester, protestant contre la précarité de leurs emplois : contrats « zéro heure » et salaires trop bas.

Les contrats « zéro heure » : modèle d’emploi précaire

Le contrat « zéro heure » a la particularité de rendre l’emploi très flexible puisqu’il permet à un patron d’employer un individu « à la tâche », c’est-à-dire en lui donnant du travail quand la demande est forte, tout en conservant la possibilité de ne pas faire appel à ses services quand elle ne l’est pas. En somme, il s’agit d’un statut qui ne garantit au travailleur ni un volume fixe d’heures travaillées, ni un salaire régulier.

Le Department for Business, Energy & Industrial Strategy définit sur le website Gov.uk les conditions de recours à ce type de contrats. Il est bien précisé que les contrats « zéro heure » « ne devraient pas être utilisés comme une solution permanente » mais seulement dans des cas précis comme le lancement d’une nouvelle entreprise, le travail saisonnier, les cas de remplacement temporaire… Autrement dit, dans des situations exceptionnelles, imprévues qui nécessitent un ajustement d’appoint.

Or, le recours à des contrats « zéro heure » s’est généralisé depuis la crise de 2008 outre-Manche, et en France également. Selon l’Office for National Statistics (Office national des statistiques), pour la période octobre-novembre 2016, 905 000 travailleurs étaient employés de cette manière, contre 143 000 en 2008 !

McDonald’s les utilise pour sa part depuis 1974…

Une grève soutenue par le parti travailliste et le BFAWU

« I believe that we will win. And if we don’t get it, shut it down ! » (Je crois que nous allons gagner. Et si nous n’avons pas ce que nous voulons, fermez le restaurant !), scandent les manifestants, l’air confiant, dans une vidéo publiée par Cambridge News. Ils réclament un salaire horaire de 10 £, un nombre minimum d’heures travaillées garanti, et une plus grande reconnaissance des syndicats.

Leur mécontentement ne manque pas de soutiens puisqu’il est porté par le syndicat de la restauration, Bakers, Food and Allied Workers Union (BFAWU) – l’un des syndicats britanniques les plus anciens – et a reçu la bénédiction de Jeremy Corbin, leader du Labour Party, le parti travailliste. Ce dernier salue le courage de ces employés et déclare :

« Notre parti offre soutien et solidarité aux courageux travailleurs de McDonald’s syndiqués au BFAWU, qui écrivent l’histoire. Ils se dressent pour les droits des travailleurs, menant la première grève de toute l’histoire des McDonald’s britanniques ».

Le groupe américain a pour sa part affirmé que les manifestants représentaient moins de la moitié des syndiqués et que leurs revendications concernaient, non pas les salaires et les conditions de travail précaires, mais les procédures de règlement interne des conflits. Il a également affirmé que d’ici la fin de l’année, tous ses employés se verraient proposé un contrat avec un nombre d’heures travaillées minimal, mais que jusqu’à maintenant, 86% des employés avaient préféré conserver leur contrat « zéro heure ».

Dans une entrevue accordée au Guardian, Ian Hodson, le directeur de BFAWU explique que ce n’est que deux semaines auparavant que McDonald’s a fait cette proposition. Un petit avant-goût de la loi Travail ?

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