Plus d’1,2 milliard d’habitants, 54 pays et environ 2000 langues vivantes recensées : l’Afrique est connue comme étant le continent des divisions, notamment ethniques et religieuses. Malgré des progrès ces deux dernières décennies concernant les droits fondamentaux des minorités sexuelles, l’homosexualité reste un sujet délicat dans le Berceau de l’Humanité.
La communauté LGBT reste vulnérable face à l’homophobie en Afrique. Depuis trois ans, Amnesty International dénonce la recrudescence d’agressions, d’emprisonnements et même de crimes homophobes. Selon une enquête menée par Afrobaromètre en 2015, sur 33 pays africains sondés, seulement 4 pays – Le Cap Vert, l’Afrique du Sud, le Mozambique et la Namibie – se disent en majorité tolérants à l’homosexualité.
Le statut des homosexuels est légal dans 18 pays d’Afrique, à savoir : Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Centrafrique, Tchad, Congo Brazzaville, Côte d’Ivoire, RDC, Djibouti, Guinée équatoriale, Gabon, Guinée Bissau, Lesotho, Madagascar, Mali, Niger, Rwanda et Afrique du Sud. L’homosexualité est cependant illégale dans 33 pays et est même passible de la peine de mort en Mauritanie, au Nigeria (Etat du Nord), au Sud de la Somalie et au Soudan.
En Egypte, la communauté LGBT est la cible d’arrestations et de violences. Le 22 septembre 2017, des drapeaux arc-en-ciel ont été brandis au Caire lors d’un concert du célèbre groupe libanais « Mashrou’Leila ». Véritable scandale pour le gouvernement, les personnes interpellées pour avoir exposé le drapeau LGBT ont été accusées « d’indécence publique » et « d’incitation des jeunes à l’immoralité ». Quant au groupe de rock alternatif, le syndicat égyptien des professions musicales lui a refusé le droit de remonter sur scène, pour avoir performé un « art anormal ».

Meshrou-Leila en concert
Depuis, c’est une véritable chasse à l’homme contre la communauté homosexuelle en Egypte : dix-sept hommes de 17 à 35 ans ont comparu dimanche 1er octobre à huis-clos devant un tribunal du Caire, en raison de leur présumée homosexualité. Bien que la législation pénale n’interdit pas l’homosexualité en Egypte, les hommes gays sont parfois arrêtés pour « incitation à la débauche » ou encore « mépris de la religion ».
La colère sur les réseaux sociaux ne s’est pas fait attendre : les #egypt #gay #LGBT ont déferlé sur la toile et SOS Homophobie a twitté :
« Vives inquiétudes et solidarité absolue avec les victimes de la répression contre les #LGBT en Egypte ».
Pour sa part, Marlène Schiappa (secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes), a twitté :
« L’homophobie n’est jamais une opinion nulle part. Défendre les droits #LGBT c’est défendre la liberté. Ça ne devrait même pas faire débat ».
Face à cette vague d’indignation internationale, il est néanmoins important de préciser que l’homosexualité devient de moins en moins tabou en Afrique. Des combats courageux donnent suite à des réformes en faveur de la communauté LGBT et le Botswana (pays d’Afrique australe) en est un exemple emblématique. En 2013, l’organisation The Lesbians, Gays and Bisexuals of Botswana (LEGABIBO), défendant depuis 2001 les intérêts de la communauté LGBT, voit son droit d’association être retiré par le gouvernement, ce dernier affirmant que LEGABIBO perturberait la paix sociale et irait à l’encontre de la moralité publique.
L’organisation porte alors sa cause devant la Cour d’appel du Botswana et est enregistrée le 29 avril 2016 comme étant la première organisation à plaider publiquement pour les droits de la communauté LGBT. Le pouvoir judiciaire avait alors jugé que le refus du gouvernement d’enregistrer LEGABIBO était illégal et violait le droit d’association des activistes.
De manière remarquable, la Cour d’appel a reconnu que le Botswana était « une Nation de compassion, de justice et d’amour » et que « les membres de la communauté gay, lesbienne et transgenre, bien qu’ils constituent sans conteste une minorité, inacceptable aux yeux de certains pour des raisons religieuses ou autres, faisaient partie de la riche diversité de la nation et avaient pleinement droit, au Botswana, comme dans n’importe quel Etat progressiste, à la protection constitutionnelle de leur dignité. » En septembre 2016, le gouvernement Botswanais est allé jusqu’à expulser le pasteur américain Steven Anderson, qui avait préconisé le meurtre des homosexuels à la radio nationale.
Par la suite, la Haute Cour du Kenya a souligné qu’un être humain, indépendamment de son sexe ou de son orientation sexuelle, dispose de droits reconnus par la Constitution et doit, à ce titre, être protégé. La Haute Cour de Zambie a également jugé que ce n’était pas un crime de plaider pour les droits des personnes LGBT.
Bien que la communauté LGBT reste extrêmement vulnérable face à l’intolérance, à la violence, aux persécutions, ainsi qu’aux empoisonnements illégaux et arbitraires, des étapes importantes allant vers la reconnaissance des droits des personnes LGBT en Afrique ont étaient franchies.

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