L’ASN (Agence de Sureté Nucléaire) a ordonné hier à EDF de mettre à l’arrêt la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) « dans les délais les plus courts ». En effet, les risques d’inondation à proximité de la centrale ont été jugés suffisamment importants pour mettre à l’arrêt la centrale pendant les travaux de réfaction. En aout dernier, EDF avait déjà déclaré un « évènement significatif pour la sureté » auprès de l’ASN.
Une problématique de sécurité vieille de 10 ans…
La centrale du Tricastin est l’un des plus vieilles du parc nucléaire français : il existe depuis plusieurs années un risque de rupture d’une partie de la digue du canal de Donzère-Mondragon si une activité sismique venait à se déclencher. Cette partie du canal, si elle cède, pourrait provoquer une inondation et ainsi « conduire à un accident de fusion du combustible nucléaire des quatre réacteurs (…) elle rendrait particulièrement difficile la mise en oeuvre des moyens de gestion d’urgence interne et externe » selon l’ASN. Jusqu’ici, les éléments fournis par EDF n’ont pas permis d’écarter les risques sur le court-terme. La compagnie devra donc renforcer la structure de la digue avant de pouvoir reprendre son activité et redémarrer les quatre réacteurs de la centrale.

L’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) a également sonné la tirette d’alarme et attiré l’attention de l’ASN et d’EDF sur cette défaillance. Leur rapport indique que « la centrale du Tricastin n’est pas conçue pour faire face à un tel événement qui entraînerait une perte totale du refroidissement du combustible présent dans le cœur (des réacteurs) et la piscine d’entreposage de chaque réacteur ». Bien que l’électricien public ne soit pas en accord avec cette décision qu’il juge inutile, il a déclaré qu’il appliquerait la décision de l’ASN dans les plus brefs délais.
L’ASN maintient la pression sur EDF
L’ASN, le « contrôleur nucléaire » français, prend son rôle très à cœur : cet arrêt des réacteurs de la centrale du Tricastin n’est pas la seule décision de cet organe qui réalise très régulièrement des contrôles et des analyses techniques dans tout le parc nucléaire français : demande de sureté sur la cuve du réacteur de la centrale de Flamanville, analyse de générateur de vapeur etc…
C’est également elle qui aura à se prononcer sur la prolongation de nombreux réacteurs des centrales françaises : en effet ces derniers doivent obtenir un renouvellement de leur autorisation de fonctionnement dix ans après leur mise en activité. Si la progression des techniques et des connaissances en matière nucléaire ont permis de prolonger la durée de vie de certaines centrales (comme la centrale de Fessenheim mise en service en 1978), une durée de vie de quarante est généralement préconisée… mais rarement respectée par le pouvoir politique !

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