« Toute la vie est notre milieu d’éducation », disait Paul Valéry. Les constructeurs de la première école durable d’Amérique Latine l’ont bien compris : bâtiment en déchets recyclés, gestion des eaux de pluie, autonomie énergétique, potager ludique et pédagogique… Tout est là pour former la jeunesse à un avenir plus pertinent.
Positive tombée des nues
Gonzalo Gayliardi Artigas et sa compagne Sandra Moreira se battaient pour obtenir une école à Jaureguiberry, un petit village de 450 habitants en Uruguay, depuis 6 ans déjà. Après de longs mois d’attentes et de démarches administratives, les autorités mettent sur pied une petite école dans une maison gérée par un groupe de parents et deux institutrices. C’est déjà ça, mais les 40 enfants étudient dans des conditions quasi-précaires, qui sont loin de stimuler l’éveil et l’apprentissage. Plusieurs années plus tard, leurs enfants se retrouvent dans une école flambante neuve, sans les vapeurs de plastique et de peinture fraîche.
Formidable émulation

Aujourd’hui, la « escuela sustentable » ou l’école durable trône fièrement au cœur de ce petit village grâce à l’initiative de l’ONG Tagma. La petite école publique est devenue la première école durable d’Amérique Latine en se basant sur le principe des fameux earthships de Michael Reynolds. Après que l’idée a germé, était venu le temps de rassembler une grande quantité de déchets (vous avez dit déchets ?) : pneus, bouteilles en verre, cartons, canettes… Une fois ces matériaux réunis, 200 volontaires venus de 30 pays différents ont construit la escuela sustentable en 45 jours seulement. Joaquin de la Sovera se souvient de l’engouement qu’a suscité le projet :
« Après des années de travail pour développer le projet, c’était incroyable de voir tous ces gens réunis avec une telle énergie pour construire cette école. »
Crédits : Una escuela sustenable
Autonomie
Côté énergie, l’école de 270 m2 est autonome ! Sa façade nord est en fait une immense serre permettant de capter l’énergie du soleil et de faire pousser des plantes comestibles ; côté sud, est et ouest, la petite école a été entourée d’un large mur fait de pneus et de sable sur des cartons. Les bouteilles qui séparent les pneus permettent une isolation efficace. Plusieurs mois après la construction de ces façades, la nature a ajouté une pointe de déco en verdissant sa surface.
Francesco Fassina, membre de Tagma explique le fonctionnement de ce flux d’énergie en combinant l’utilisation des matériaux :
« La conjugaison de ces principes permet de maintenir une température constante. Le bâtiment de 270 m2 se chauffe de manière autonome. En plus de capter l’énergie solaire, la serre et le couloir principal isolent les classes de l’extérieur. Parallèlement, la chaleur qui entre dans le bâtiment ne s’échappe pas car elle est absorbée par les pneus remplis de sable qui la redistribuent durant la nuit. »
L’eau de pluie, elle, a de nombreuses fonctions :
« L’eau est filtrée une première fois pour être bue et pour se laver les mains. Comme nous utilisons un savon naturel, l’eau est ensuite directement envoyée dans les plantes de la serre qui la filtrent. Elle est ensuite utilisée pour les toilettes avant d’être assainie dans une fosse septique. Après, elle est redistribuée aux plantes d’ornement. »

Eveiller aujourd’hui les consciences de demain
Si le potager n’est pas encore capable de produire assez de nourriture pour les 43 bambins ainsi que leurs enseignantes, les aliments récoltés se retrouvent au menu. Les enfants adorent s’occuper avec attention de leur petit potager et l’une des enseignantes, Rita Montans est ravie de cette facilité pédagogique « Dès que j’aborde un sujet autour du développement durable ou du changement climatique, je prends les éléments de l’école en exemple, explique Rita Montáns, l’une des trois enseignantes. Les enfants ne font pas qu’apprendre les principes du développement durable, ils les vivent. ».
La future génération d’éco-citoyens est assurée ! Les enfants se sentent concernés par la protection de l’environnement et sont conscients des problématiques énergétiques et de la valorisation des déchets. Le cycle de la vie au cœur de l’enseignement ne peut être qu’une véritable valeur ajoutée pour l’avenir « On ne voit pas encore les résultats de cet apprentissage, mais les enfants sont comme des petites graines dont on récoltera plus tard les fruits » explique la directrice, Alicia Alvarez.
La construction de cette école n’est pas simplement un heureux événement local. C’est une inspiration pour tous ceux qui veulent suivre cette voie : cela coûte moins cher que les matériaux traditionnels à court et à long termes, les conditions d’apprentissage sont très positives et l’environnement est respecté. Ce cercle vertueux local est un véritable exemple pour d’autres projets, mais aussi pour l’ensemble de la société.
Crédits photos : Una escuela sustenable

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