Il y a deux semaines, le chalutier chinois Fu Yuan Yu Leng 99 a été arrêté pour un contrôle de routine en plein cœur de la réserve marine des Galapagos. A son bord, plus de 300 tonnes de poissons dont plus de 6 600 squales gisant dans les cales : une ignominie.
Écœurante humanité
Le 13 août dernier, une équipe de patrouille écologiste repère un chalutier voguant sur les eaux de la réserve des Galapagos, pourtant interdites à la navigation sans permis. Après leur avoir échappé, un hélicoptère et un bateau des garde-côtes les ont interceptés un peu plus loin. Une fois descendus dans les cales réfrigérées, on peut imaginer le choc : plus de 300 tonnes de poissons dont plus de 6 600 squales inertes et ensanglantés s’étalant sur une partie basse du chalutier de 98 mètres de long, comprenant 6 compartiments de « marchandises ». Parmi ces requins, de nombreuses espèces protégées telles que des requins-marteaux ou des requins soyeux qui sont en voie d’extinction.
Faible protection d’une réserve classée patrimoine mondial de l’UNESCO
Le parc national et la réserve marine des Galapagos sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO et sont censés faire partie des quelques derniers havres de paix destinés à la faune et à la flore équatoriennes. La loi interdit strictement la traversée des eaux de la réserve sans permis préalable ainsi que la pêche, le commerce et le transport de ses habitants. Cela ne semble pourtant pas avoir dérangé les braconniers. Une fois de plus, cette macabre découverte illustre le manque d’efficacité des dispositifs mis en place pour contrôler la pêche illégale, notamment dans ces eaux qui devraient être parmi les plus protégées au monde. Chaque année, ce sont 100 millions de requins qui sont tués, la plupart étant destinés à la consommation dans les marchés asiatiques.

Un seul maillon de la chaîne
Il semblerait que ce bateau soit un navire de collecte permettant aux autres plus petits navires de se décharger tranquillement et de continuer leurs pêches en toute impunité. A ce jour, les vingt membres de l’équipage ont été arrêtés et ont écopé de peines allant jusqu’à trois ans d’emprisonnement, soit la peine maximale pour crime contre la faune et la flore et contre le trafic d’espèces protégées en Equateur.
La Chine étant le créancier le plus important de l’Equateur, certains accusent le gouvernement de complaisance envers la Chine au sujet de la protection du bois et autres ressources naturelles de la forêt tropicale amazonienne. De son côté, le ministre de l’Environnement de l’Equateur, Tarsicio Granizo, a assuré un engagement fort face à la pêche illégale :
« Notre politique est celle de la tolérance zéro quant au transport et au trafic d’espèces sauvages protégées ».
Mobilisation des écologistes
Interviewé par National Geographic, l’écologiste Pelayo Salinas travaillant pour la Fondation Charles Darwin, est dépité par ce manque de moyens déplorable pour lutter de manière efficace contre les trafiquants :
« Les moyens sont limités. Les coupables se font chaque jour un peu plus d’argent. Les patrouilles coûtent cher, surtout pour un comté frappé par la crise économique. ».
Ce dernier a lancé dans la foulée une campagne de crowdfunding afin de lever des fonds pour acheter des bateaux permettant de poursuivre et d’arrêter plus efficacement les trafiquants ; 15 jours plus tard, il a récolté un peu plus de 20 000$, une goutte d’eau face à l’immensité du trafic (cliquez ici pour participer).
Il faut espérer que cette écœurante découverte stimule le financement de moyens pour la lutte contre ces pratiques barbares.
Crédits photos : AFP

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