Pour la journée internationale des droits des femmes, des millions de personnes en Espagne se sont mobilisées ce jeudi 8 mars en participant à une grève générale « féministe » sans précédent, et à d’énormes manifestations dans tout le pays.
Une mobilisation féminine nationale pour les droits des femmes
Même les personnalités publiques féminines se sont jointes au mouvement : les journalistes femmes de Cadena Ser, la radio la plus écoutée en Espagne, les présentatrices vedettes des chaînes télévisions, mais aussi les commerçantes, les fonctionnaires… Dans tous les domaines d’activité, les femmes espagnoles ont mis leurs fonctions en pause et sont allées dans la rue. En début de soirée, à Barcelone, environ 20 000 personnes ont défilé sous le slogan « vive la lutte féministe ». Au même instant, à Madrid, des centaines de milliers de manifestantes et manifestants défilaient vêtu.e.s de violet, la couleur traditionnelle du féminisme.
L’une des causes principales de ce grand mouvement de solidarité féminin : les violences que subissent encore de trop nombreuses espagnoles. En 2017, 49 femmes ont été assassinées par leur compagnon ou leur « ex » sur le territoire. Soit 5 de plus qu’en 2016 ! Toujours présent dans les esprits, en 2017 le viol collectif d’une femme avait été perpétré par une bande de jeunes hommes qui s’étaient eux-mêmes nommés « la meute » et avaient filmé leur crime.
Certaines pancartes brandies lors des cortèges disaient ainsi « La pornographie crée des meutes », « nos culs ne sont pas à vous », ou « nous voulons être vivantes, pas courageuses ».
L’Espagne, société machiste ?
Les syndicats et organisations féministes ayant lancé cet appel veulent ainsi dénoncer le harcèlement et les violences faites aux femmes, mais aussi défendre l’égalité salariale. Les deux principaux syndicats espagnols, UGT et CCOO, avaient appelé à un arrêt de travail de deux heures, observé selon leurs estimations par 5,3 millions de personnes à travers le pays. Dix autres syndicats avaient encouragé à une grève toute la journée.
Bien que l’Espagne soit pionnière dans la lutte contre les violences faites aux femmes grâce à l’adoption en 2004 d’une loi présentée comme un « modèle » par le Conseil de l’Europe, les femmes espagnoles subissent encore de trop nombreuses inégalités et comportements abusifs.
A travail égal, les femmes sont payées en moyenne 14,2% de moins que les hommes, et elles sont plus nombreuses à travailler sous des contrats précaires ou des temps partiels. Même la numéro deux du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria a dénoncé « les comportements machistes inacceptables » que subissent les vice-présidentes du gouvernement.
Les femmes ne pouvant faire grève, comme les gardes à domicile veillant sur les enfants ou personnes âgées, avaient accroché leurs tabliers aux balcons en symbole de soutien. Car si toutes les femmes s’arrêtaient vraiment, comment les sociétés pourraient-elles avancer ?
Crédits photo de couverture : Juan Carlos Lucas / NurPhoto

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