Suite à l’augmentation de dispositifs « anti-SDF » dans les villes françaises, la Fondation Abbé Pierre et Emmaüs solidarité lancent une campagne de sensibilisation.

Des pratiques choquantes

Après les picots, les poteaux, les barres de fer, les plans inclinés, voilà désormais les douches automatiques. La créativité et la cruauté sont sans limite ces dernières années en ce qui concerne le nombre d’équipements urbains mis en place pour décourager les sans-abris de s’installer. 

Ces dispositifs n’aident en aucun cas la situation des SDF et viennent par-dessus tout, bafouer toute dignité humaine. Alors que le nombre de SDF ne cesse d’augmenter en France (+50% entre 2001 et 2012) et que plus de 2000 personnes meurent dans la rue chaque année, la mise en place de ces dispositifs dans les centres-villes semble répondre à une seule préoccupation : chasser les SDF des centres.

Impossible de s’allonger sur les sièges de la RATP

« Ce n’est pas bien méchant »

En plus des diverses méthodes déjà utilisées pour éviter aux SDF de s’installer (bancs où il est impossible de s’allonger, piques ou encore rochers), des douches automatiques pour chasser les sans-abris voient le jour. Devant des portes de parking, des jets d’eau tombent sur les personnes qui s’abritent sous le porche sans présenter un badge.

De leur côté, des riverains interviewés par le Parisien, défendent ces pratiques et se plaignent de dégradations commissent par les SDF à l’entrée des parkings :

« Nous avons fait preuve de tolérance, mais ce n’était plus possible. Ces jets, c’est ce que nous avons trouvé de plus efficace » explique un responsable de la société qui gère l’immeuble, « je comprends que cela puisse choquer. En même temps, mouiller quelqu’un ce n’est pas bien méchant ».

Pas bien méchant ? Comment leur expliquer que mouiller quelqu’un, en plein hiver, avec le risque que ses vêtements gèlent, relève presque de l’homicide volontaire ?

Un dispositif anti-SDF devant une banque

Trop c’est trop

Outré par ces pratiques déployées dans les villes, la Fondation Abbé Pierre et Emmaüs ont lancé une campagne le 6 décembre. Les affiches placardées par les organisations expriment des messages tels que « Au lieu d’empêcher les SDF de dormir ici, offrons-leur un logement décent ailleurs ».

Les organisations ont également lancé un mouvement sur les réseaux intitulé #soyonshumains. Le but, est d’en finir avec ce « mobilier de la honte » en invitant tout le monde à dénoncer un par un, ces dispositifs sur une carte interactive ou encore en publiant sur les réseaux une photo du mobilier urbain avec le hashtag de la campagne. Celle-ci a déjà soulevé de nombreuses participations et réactions d’indignations.

Pour Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, la logique à défendre est de « faire la guerre à la pauvreté plutôt que de faire la guerre aux pauvre ».

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