Deux ONG, Sea Shepherd et France Nature Environnement (FNE), ont déposé lundi 6 décembre devant le Conseil d’Etat des recours contre le gouvernement français. Il est accusé de ne pas prendre les mesures nécessaires pour prévenir l’extinction des dauphins, une espèce protégée et menacée par des captures accidentelles de pêche de façon exponentielle depuis les années 1990.
Entre 2011 et 2020, 75 % des dauphins communs échoués dans le golfe de Gascogne, en France, montrent des marques d’une capture accidentelle. Les scientifiques estiment que 8000 à 12 000 dauphins sont tués sur place chaque année du fait de la pêcherie.
Le nombre d’échouages est croissant depuis 2016. L’observatoire PELAGIS travaille sur le sujet depuis des dizaines d’années.
En juillet 2019, 26 ONG européennes dont FNE portent ainsi plainte contre la France et les autres États européens qui n’ont pas pris les mesures adéquates, et demandent à la Commission européenne de poursuivre les pays qui ne remplissent pas leurs engagements.
En mai 2020, 1500 scientifiques européens du comité d’experts CIEM demandent la fermeture des zones de pêche concernées pendant les hautes fréquences de mortalité, c’est-à-dire de décembre à mars, et de juillet à août. Ils recommandent spécifiquement la fermeture de la pêcherie dans le golfe de Gascogne en hiver.

En juillet de la même année, la Commission européenne ouvre une procédure d’infraction contre la France, jugeant que le pays n’a pas pris les mesures nécessaires pour réduire les captures de façon efficace.
En octobre, en dépit des études scientifiques et de la loi, le pays annonce la mise en place d’un dispositif de surveillance pour équiper 5 % des bâteaux du golfe de Gascogne, et refuse de fermer temporairement la pêche.

Pour les deux ONG, ce plan n’est pas suffisant. FNE a ainsi demandé au ministère de la Mer « la fermeture pendant trois mois durant chaque hiver et d’un mois durant chaque été des pêcheries concernées par les captures de cétacés ».
La fédération demande également d’installer des caméras sur les bateaux et de faire respecter l’obligation de déclarer les captures accidentelles de dauphins.
La demande est restée sans réponse. La fédération a donc saisi en urgence le Conseil d’Etat. Elle réclame une mesure pour cet hiver 2021-2022, du 15 janvier au 15 mars.
La FNE fait valoir une fermeture de certaines pêcheries qui pourra être financée par des fonds FEAMPA de l’Union Européenne et par l’aide accordée au secteur dans le cadre du plan de relance.
Elle ajoute : « c’est une mesure écologiquement responsable et économiquement et socialement acceptable ».

Depuis 1990, environ 90 000 dauphins communs ont été tués aux larges de nos côtes.
FNE commente dans un communiqué : « Après le déversement de centaines de millions d’euros de fonds publics français et européens -Plan de relance, FEAMPA, enveloppe post-Brexit et dernièrement 50 millions supplémentaires promis par le Président de la République – on attend des réponses à la hauteur des enjeux pour réduire fortement ces mortalités de dauphins, et assurer le respect du droit européen et du droit français sur la préservation des espèces.
Et de conclure : « C’est aussi la dernière chance pour la France de proposer des mesures concrètes pour réduire ces captures au minimum acceptable et accompagner la pêche et les pêcheurs dans un mode de pêche plus écologique. Jamais autant d’argent n’aura été injecté en une seule année pour le permettre. »
Crédit photo couv : France Nature Environnement