Ce 3 septembre, le Journal Officiel a publié onze arrêtés ministériels fixant les quotas de chasses traditionnelles. Le Ministère de la transition écologique et solidaire autorise pour la campagne de chasse 2019-2020 la capture de plus de 150 000 oiseaux sauvages.
Des « pratiques moyenâgeuses »
En plus de s’insurger contre ce chiffre, supérieur aux prises de l’année dernière, la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) dénonce les conditions de capture, qu’elle qualifie de « pratiques moyenâgeuses ».

Sont ainsi autorisés les gluaux, qui consistent à badigeonner des baguettes en bois ou des branches de colle ultra forte et d’attendre qu’un oiseau s’y pose pour pouvoir le récupérer. Filets, collets, pantes (grands filets horizontaux) et matoles (petites cages tombantes) pourront aussi être utilisés par les chasseurs.
L’effondrement de la biodiversité
Ces techniques, non seulement cruelles pour les animaux, sont non sélectives. D’autres espèces non autorisées se retrouvent donc victimes de ces pièges, alors que l’effondrement de la biodiversité en France n’est plus à démontrer : selon le CNRS, les populations d’oiseaux vivant en milieu agricole ont perdu un tiers de leurs effectifs en 17 ans.
Lors des consultations publiques précédant la publication de ces arrêtés, une large majorité de citoyens français avait fait part de son indignation. L’influence des chasseurs a visiblement eu un plus fort impact sur la politique gouvernementale.
La responsabilité de l’État
Le 20 août dernier, Élisabeth Borne avait reçu le président de la fédération nationale des chasseurs Willy Schraen ainsi que Thierry Coste, le fameux lobbyiste dont la présence imprévue lors d’une réunion gouvernementale avait décidé Nicolas Hulot à démissionner. En sortant, ceux-ci s’étaient réjouis d’avoir sauvé les chasses traditionnelles.

Le 25 juillet 2019, la Commission européenne a mis en demeure la France pour manquement à ses obligations de protection des espèces menacées. De plus, en réponse à deux autres arrêtés pris au cours de l’été permettant l’abattage de 6 000 Courlis cendrés puis de 18 000 Tourterelles des bois, deux espèces menacées, la LPO avait effectué un recours auprès du Conseil d’État.
Pour le moment, un arrêté a été suspendu et les démarches sont en cours pour le second. La LPO s’apprête à attaquer les nouveaux arrêtés. Son président, Allain Bougrain Dubourg, a déclaré : « Nous attendons toujours un changement de politique en faveur de la biodiversité. Pendant ce temps-là, des centaines de milliers d’oiseaux continuent d’être englués, étranglés et emprisonnés en France avec la complicité de l’État ».