Suite aux bâtiments brûlés lors du XVIIIème acte des Gilets Jaunes samedi dernier, le gouvernement a décidé de mobiliser les militaires de l’opération « Sentinelle » pour renforcer les effectifs policiers lors de la prochaine manifestation. Cette décision historique et mortellement dangereuse est dénoncée par de nombreux membres du gouvernement, et par certains militaires de l’opération Sentinelle eux-mêmes.
Mercredi 20 mars, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a annoncé durant le Conseil des Ministres qu’Emmanuel Macron avait exigé « la mobilisation renforcée du dispositif Sentinelle sur les points fixes et statiques conformément à [sa] mission ». Cette mobilisation s’ajoute à d’autres mesures annoncées lundi : des brigades anti-casseurs, l’utilisation de drones, et l’usage de marqueurs chimiques.

On le rappelle, l’ONU a déjà dénoncé l’« usage excessif de la force » contre les « gilets jaunes » à travers sa haut-commissaire aux droits de l’homme Michelle Bachelet qui a réclamé, mercredi 6 mars, « une enquête approfondie » sur les nombreuses accusations de violences policières. Apparemment, membres arrachés et yeux crevés ont moins de valeurs que les symboles Français incendiés samedi dernier, dont le restaurant de luxe le Fouquet’s, puisque le gouvernement a pris la décision de mobiliser des militaires pour renforcer la sécurité de certains monuments, mais aussi du quartier de l’Élysée, en garde statique.
Tout l’argumentaire du gouvernement tient dans cette subtilité : les militaires resteront statiques et n’iront pas au contact de la population, leur présence permet de dégager des effectifs policiers pour les envoyer sur le terrain. Seulement, cette unité spéciale censée protéger la population du terrorisme, en étant mobilisée pendant une manifestation citoyenne, envoie un message fort aux manifestants : un citoyen qui manifeste peut désormais être considéré comme un terroriste. De plus, si des brigades anti-casseurs sont déjà prévues, quel est l’intérêt supplémentaire d’ajouter des militaires ?
Sous couvert d’anonymat, des soldats ont témoigné pour france info et exprimé leur profonde inquiétude :
« On n’a rien à faire dans ces histoires de gilets jaunes. Les mecs de Sentinelle, ce sont tous des militaires, on ne sait pas faire du maintien de l’ordre. Si on se fait caillasser, soit on rentre dans le bâtiment pour se mettre à l’abri, soit on ne peut pas se mettre à l’abri pour X raison. La seule réponse qu’on pourra avoir à ce moment-là, c’est peut-être un coup de gazeuse au début ou un coup de matraque télescopique, mais après s’il y a trop de monde, oui, malheureusement il risque d’y avoir des morts. »
Un risque mortel que semble donc être prêt à prendre le gouvernement, alors que même l’un des initiateurs de la loi anticasseurs, le sénateur LR Bruno Retailleau, dénonce la décision du gouvernement.
« On utilise l’armée en cas de guerre ou de guerre civile, mais on ne me fera pas dire que 1500 black blocs constituent une menace pour la nation française.»
Dans une longue interview, Juan Branco, avocat de Maxime Nicolle et conseiller juridique de WikiLeaks et Julian Assange, dénonce l’autoritarisme de plus en plus fort du gouvernement comme moyen d’assurer la position sociale des oligarques du pays. La répression de plus en plus dure à l’égard des gilets jaunes en est pour lui la parfaite démonstration.