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Des livres à prix libres, des robes et des vestes à 4€, cette friperie éco-solidaire casse les codes

« Déléguer, ça n’est pas donner le pouvoir, c’est faire confiance » Joffrey

Quand on entre, on croirait être dans une friperie, un de ces magasins d’occasion rempli de vêtements usagés, triés par taille ou par couleur, sans étiquette. Et puis en levant le nez on voit des boîtes de sucre, des jouets pour enfants, des livres… Nous ne sommes pas que dans une friperie. On sent une bonne odeur. Par le trou dans le mur, quelqu’un nous fait coucou. On entend des bruits de couteau sur une planche. Nous ne sommes pas que dans un lieu où on vend des objets. À l’arrière, près de la cuisine, des fauteuils et canapés. En bas, dans la cave, une rangée d’outils au mur, des bouts de bois, des circuits électroniques. Nous ne sommes pas que dans un lieu de nourriture et de vente d’objets.

Aux merveilleuse merdouilles est la partie Fripe du local. L’objectif de la boutique est de redonner vie aux vêtements et objets délaissés pour ainsi subvenir aux besoins de l’association. La boutique s’étoffe grâce à vos dons.

La SPAM est un de ces lieux associatifs qui poussent un peu partout, et qui, dans leurs quelques dizaines de mètres carrés, font œuvre écologique, économique et sociale, et nous rappellent que tout est lié. Les vêtements sont en vente à prix modique – 4 € la robe, 5 euros la veste – les livres à prix libre, le bol de carottes râpées, brocolis, lentilles, endives, pour 2 euros. Pour acheter, il faut être adhérent – 5 € l’année. La SPAM est à la fois une friperie, une bibliothèque, un salon, un atelier de réparation, et un lieu de restauration d’apprentissage et de partage. Le but ? Mettre à disposition, aider, encourager. Tout ça, en restant autonome. Ici, pas d’aide sociale. Le lieu est entièrement autogéré.

Comment s’organiser quand on veut être auto-géré ? Les membres ont appris que l’horizontalité ne signifie pas l’absence d’organisation ni de priorité. Au début, comme dans beaucoup de mouvements sociaux, la crainte de la verticalité empêchait de donner des rôles et des responsabilités. Tous les prix étaient libres, mais en faisant trop confiance, ils n’arrivaient pas à payer le loyer. Comme beaucoup de salles ou de maisons d’édition qui vendent « du commercial » pour faire vivre « de la qualité », la SPAM a dû pendant un temps vendre de l’alcool à des soirées pour pouvoir continuer à rouler.

Mais cela n’entrait pas dans les valeurs de l’association. Alors les prix furent mis au fixe, et une organisation interne se créa. Chaque personne qui ouvre le lieu est considéré responsable et les décisions lui reviennent pour la journée. Les membres se voient confier des rôles précis, qui tournent chaque mois.

« Déléguer, ça n’est pas donner le pouvoir, c’est faire confiance » Joffrey

Au départ, un locataire qui habite un appartement au-dessus et qui voit le potentiel de l’espace au rez-de-chaussée. Ensuite, des gens de différents âges et horizons, tous souhaitant s’investir autrement dans la vie de leur quartier et surtout, souhaitant rééquilibrer le rapport entre le temps du travail et le temps de partage et de créativité. En se dégageant du temps pour aller chercher les invendus dans le magasin bio d’à côté, ils économisent de l’argent sur le budget repas.

Crédit Photo : Spam

Pour les membres de l’équipe bénévole, cette association n’est pas une charge supplémentaire à leur travail mais un soulagement. Ils sont informaticien, femme de ménage, ancien instituteur, bibliothécaire. Certains sont précaires, intérimaires, saisonniers. Ils trouvent dans ce lieu un point d’ancrage, un espace où ils se sentent toujours utiles.

D’autres ont de hauts diplômes de philosophie, de physique, d’ingénierie. Et c’est une réflexion sur le travail qui les a amené à réduire leurs besoins, à prendre un mi temps et à rééquilibrer le temps consacré au gagne-pain et le temps consacré à travailler à créer du lien social, approfondir ses connaissances, diversifier ses expériences. Et quand ils veulent arrêter, ils le peuvent. Ici, pas de contrat, mais une confiance partagée.

« Ici on ne demande pas aux gens d’où ils viennent ni ce qu’ils font. Ce qui importe c’est comment ils se comportent, comment ils partagent » Cécile

Pour des femmes retraitées, c’est un moyen de briser leur grand isolement. Pour d’autres, un moyen de trouver une activité qui respecte leur handicap. Pour d’autres encore, un laboratoire pour expérimenter la transmission de leur savoir-faire. Ils y donnent des cours de langue, de bricolage, de couture, d’écriture, de réflexologie, organisent des cafés philo et des jam sessions et des balades. À la SPAM, les grands projets sont ceux qui sortent les gens de leur condition, qui éveillent, qui révèlent, qui ouvrent les potentiels.

Ce petit lieu de 65 mètres carrés a aussi été le lieu de répétition des musiciens réfugiés de Orpheus, l’orchestre des migrants musiciens venant de pays en guerre, qu’a créé le chef d’orchestre Jordi Savall, primé par le ministère de la culture. Il est aussi le lieu où un homme vient depuis des mois, sans parler, et où enfin, depuis quelques mois, il parle. Dans ce petit lieu qui ne paye pas de mines, de grandes choses se font, avec peu de moyen, mais surtout une grande générosité, une organisation claire et une immense volonté de faire autrement.

Habitants de Besançon, n’hésitez pas à y faire un tour. Association SPAM, 17 rue de l’École 25000 Besançon. Vous pouvez aussi les soutenir en faisant un don www.spamspam.net

Sarah Roubato

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"Le plus souvent, les gens renoncent à leur pouvoir car ils pensent qu'il n'en ont pas"

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