Une note rédigée par trois économistes très proches du président indique un futur « virage social » dans sa vision politique.
Une note confidentielle demandant une prise en compte plus forte de la question sociale
Jean Pisani Ferry (coordinateur du projet présidentiel), Philippe Martin (membre de l’équipe de campagne) et Philippe Aghion (inspirateur de longue date), ont adressé une note confidentielle au chef de l’Etat, révélée par « Le Monde », dans laquelle ils appellent à un virage social.
« L’ambition émancipatrice du programme présidentiel échappe à un nombre grandissant de concitoyens » écrivent les économistes. Pour eux, l’équilibre promis entre les mesures « libérales » et celles visant à « protéger » n’a pas été respecté. Selon eux, le thème de « la lutte contre les inégalités d’accès a été occulté ». Ainsi, l’entourage du président exprime la crainte d’un « recentrage à droite motivé par la tentation d’occuper le terrain politique laissé en friche par un parti en crise » en s’exprimant sur le parti républicain.
Toujours selon leur analyse, les réformes économiques sont portées par les ministres de droite tandis que les politiques sociales peinent à trouver des supports au sein du gouvernement. Bien qu’ils reconnaissent la mise en œuvre de mesures importantes, telles que le dédoublement des classes de CP ou la réforme de la formation professionnelle, les économistes notent toutefois la déception sur la réforme de l’assurance chômage, qui n’est pas selon eux à la « hauteur des ambitions initiales ».
D’autres pistes sont également abordées comme la prime d’activité, ou encore la taxe d’habitation. Ce n’est pas la première fois que ces économistes affirment leur crainte face à la politique gouvernementale. En mai, ceux-ci avaient fait part de leur crainte que le « macronisme » ne devienne un « néogiscardisme ».
En janvier, Jean Pisan ferry avait quant à lui signé une tribune intitulée « M. Macron, votre politique contredit l’humanisme que vous prônez » afin de protester contre la politique migratoire du gouvernement.
Néanmoins, ils ne sont pas les seuls à réclamer « plus de social ». L’ancien Garde des Sceaux François Bayrou avait également précisé que les mesures sociales n’avaient pas « été mises en valeur dans le cadre d’un projet social assumé et cohérent » et avait ajouté que ce qui avait percuté l’opinion été « le volet ISF et la baisse inopportune de l’APL ».
Le discours du président sur sa politique à la Mutualité
Aujourd’hui, mercredi 13 juin, se tenait le 42e congrès de la Mutualité française à Montpellier. Le discours d’Emmanuel Macron sur la politique sociale y était donc très attendu.
L’intervention du chef de l’Etat été principalement orientée sur les « aides sociales. » Le président a ainsi pointé trois grands défis : la santé, l’âge et l’exclusion. Le chef de l’Etat a ainsi plaidé « il faut produire pour redistribuer » et a rappelé que le combat de ce quinquennat était l’obtention d’une « vie digne pour tous » et « l’émancipation par le travail ».
Le président a également confirmé ce qui avait été diffusé plus tôt dans la semaine dans une vidéo de préparation de discours : « la solution n’est pas de dépenser toujours plus d’argent, (…) mais bien de prévenir et de responsabiliser tous les acteurs ».
Suite au discours quelques annonces ont été faite sur la santé, demandant plus de prévention, ainsi que sur la réforme des retraites précisant que :
« Un euro cotisé devra donner pour tous les mêmes droits. C’est la clé pour retrouver la justice et la confiance dans le système. Une loi sera présentée au début de l’année 2019 et votée au premier semestre ».
Le virage social amorcé n’est donc pas encore établi et l’entourage du président attend de vraies prises de décisions.