Le 31 août, plus de 300 personnes ont pris la mer, depuis différents ports européens, pour rejoindre Gaza. A nouveau, la « Global Sumud Flotilla » va tenter de rompre le blocus imposé par Israël et apporter de l’aide humanitaire à la population gazaouie.
Une flotille humanitaire
C’est le coup d’envoi de la flottille mondiale Sumud. La première vague part de Barcelone et Marseille, dès que le vent le permettra, tandis que la seconde partira de Tunis et d’autres endroits le 4 septembre 2025.
Des dizaines de bateaux transportant des fournitures médicales, de l’aide alimentaire et des équipages solidaires convergeront vers la Méditerranée puis tenter d’atteindre Gaza. Ils veulent ouvrir « un corridor humanitaire pour les 2,2 millions de Gazaoui.es isolés du monde, massacrés quotidiennement depuis 22 mois par des bombardements de grande envergure ou ciblés ».
Président de cette opération, le Dr Yacine Haffaf, est un chirurgien humanitaire qui a participé à plus de 25 missions humanitaires pour le compte de MSF, la Croix-Rouge et Palmed. Malgré son expérience des situations de guerre et de crises les plus effroyables, il est revenu bouleversé de ses missions à Gaza :
« À Gaza, j’ai vu l’indicible. Des dizaines de blessés affluaient chaque jour, les hôpitaux n’avaient plus rien, et nous devions faire des choix inhumains. Face à cela, rester silencieux est impossible. »
Parmi les 38 tentatives pour rejoindre Gaza, 5 ont avaient réussi. Alors que les deux dernières se sont soldées par les arrestations de l’équipage humanitaire, les participants espèrent cette fois-ci dépasser les garde-côtes par leur nombre.
Venus de 44 pays différents, des centaines de personnes lèvent les voiles : salarié·es, artistes, docteur·es, travailleur·euses sociaux·ales, skipper·euses, entrepreneur·es et étudiant·es « indigné·es par ce blocus ».
« Si nous ne nous levons pas pour la Palestine, qu’advient-il de notre humanité ? Ce qui arrive aux Palestiniens arrive au monde enter. Nous devons résister au colonialisme, apartheid, et génocide, ensemble. Nous ne pourrons le faire ensemble que si nous nous unifions, » a rappelé Yasemin Acar lors de la conférence de presse
Des artistes renommés tels que l’actrice américaine Susan Sarandon ou la romancière irlandaise Naoise Dolan, ainsi que des parlementaires européens (dont les français Emma Fourreau, Marie Mesmeur et Thomas Portes) et des personnalités comme l’ancienne maire de Barcelone Ada Colau participent à la navigation.
D’autres personnalités renommées, dont l’acteur américain Mark Ruffalo, l’acteur irlandais Liam Cunningham, le cinéaste italien Alessandro Gassman et l’auteur de bande dessinée italien Zerocalcare soutiennent cette initiative.
« Dans quel monde avons-nous basculé pour que des enfants en soit à organiser leurs propres funérailles ? Le fait que la flottille soit en route montre l’échec du monde à faire respecter le droit international et humanitaire. C’est une période honteuse dans l’histoire de notre monde et nous devrions en être collectivement embarrassés », a déclaré Liam Cunningham lors de la conférence de presse.
Pour financer l’achat des bateaux, de l’aide humanitaire et des frais logistiques, une cagnotte a été lancée. Elle a récolté plus de 95 000 euros sur les 130 000 euros nécessaires.
Des milliers de personnes sont venus assister au départ – Crédit : Global Sumud Flotilla
Dénoncer la complicité internationale
Parmi les marins solidaires, certains ont déjà tenté de rejoindre Gaza, à l’image de la militante écologiste Greta Thunberg, ou le skipper Reva. Malgré leur emprisonnement temporaire par Israël, ils ont tous deux décidé de rester impliqués dans cette action humanitaire.
« On ne doit pas tomber dans le piège de la division, de l’isolement et de la peur. On peut tout à fait chasser du pouvoir ces voyous qui nous oppressent et nous condamnent à des vies qui ne sont pas dignes. L’union fait la force, » a témoigné Reva auprès de La Relève et La Peste.
Le projet porté par Waves of Freedom/Global Sumud Flotilla vise à acheminer une aide d’urgence (médicaments, matériel médical, denrées de survie), briser le blocus de Gaza par voie maritime et ouvrir un corridor humanitaire, dénoncer le silence international face aux crimes de guerre et à la catastrophe humanitaire et « montrer que la société civile peut agir là où les gouvernements ont échoué ».
Cette nouvelle flotille s’élance alors qu’un plan américain prévoyant de déplacer toute la population Gazaoui vient d’être révélé. Selon un document de 38 pages révélé par The Washington Post, les États-Unis envisageraient « la relocalisation temporaire de l’ensemble des plus de 2 millions » de Gazaouis « soit par des départs volontaires vers un autre pays, soit dans des zones restreintes et sécurisées à l’intérieur de l’enclave pendant la reconstruction ».
Le but : placer la bande de Gaza sous administration américaine pendant dix ans pour le transformer en un centre touristique et technologique. 5 000 dollars (environ 4 300 euros) ainsi qu’une aide couvrant quatre ans de loyer et un an de nourriture sont promises aux volontaires. Quant aux propriétaires terriens, les Etats-Unis veulent leur donner des « jetons numériques », pour financer une nouvelle vie ailleurs ou à échanger contre un appartement dans l’une des six à huit nouvelles « villes intelligentes et alimentées par l’IA » devant être construites à Gaza.
« Si Israël continuer de violer la loi internationale et d’empêcher l’aide humanitaire de parvenir à Gaza, notre plan B est de revenir encore plus nombreux. C’est aussi simple que ça », a conclu Greta Thunberg.
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