Maison d’édition et média indépendants, sans actionnaire et sans pub, financés par la vente de nos livres

La dernière orque née en captivité est morte à seulement trois mois…

Lundi dernier, la dernière orque née en captivité aux Etats-Unis a succombé à une pneumonie. Agée de seulement trois mois, cette femelle nommée Kyara était un symbole pour les associations de défense des animaux en captivité : née en avril, juste avant la clôture du programme d’élevage en captivité du parc aquatique Seaworld (San Antonio, Californie), […]

Lundi dernier, la dernière orque née en captivité aux Etats-Unis a succombé à une pneumonie. Agée de seulement trois mois, cette femelle nommée Kyara était un symbole pour les associations de défense des animaux en captivité : née en avril, juste avant la clôture du programme d’élevage en captivité du parc aquatique Seaworld (San Antonio, Californie), elle représentait le dernier témoignage d’une ère désormais révolue pour les attractions employant des animaux captifs.

Décès symbolique

Malgré les efforts des équipes de Seaworld, un traitement aux antibiotiques et une hospitalisation ce week-end, Kyara n’a pas résisté à sa pneumonie, une pathologie commune chez les orques, particulièrement en captivité. Une souffrance parmi d’autres pour ces animaux captifs des attractions marines (des orques, mais aussi plusieurs espèces de dauphins). Pour Christine Grandjean, président de l’association C’est assez ! :

« La captivité n’est pas adaptée aux besoins physiologiques des animaux. Elle entraîne du stress, de l’ennui, des souffrances et de nombreuses maladies qui peuvent provoquer la mort. »

Depuis 2014, cette association milite en France pour l’interdiction des spectacles d’animaux marins, et de l’élevage en captivité. Cette activité, en déclin, est encore pratiquée par le Parc Astérix, le parc Planète Sauvage (Loire-Atlantique), au Moorea Dolphin Centre (Polynésie française), et enfin au tristement célèbre Marineland d’Antibes (Alpes-Maritimes). A elles cinq, ces attractions emploient une trentaine de grands dauphins ainsi que quelques orques. Une activité lucrative pour éleveurs et dresseurs, malgré une image en constante dégradation : « une orque captive se vend plus d’un million de dollars, un dauphin dressé entre 150 000 et 200 000 dollars », et l’entrée dans les parcs s’élève à une quarantaine d’euros.

Tristes spectacles

Malgré leur apparence joyeuse, les animaux donnés en spectacle ont la vie dure. Selon les associations qui luttent pour leur protection, comme la Fondation Droit, animal, éthique et science, ou l’ONG One Voice, la vie en captivité entraîne malheur, stress et mort prématurée : « le stress, l’ennui et l’absence de relations sociales complexes engendrent pertes d’appétit et de poids, ulcères, profondes dépressions, comportements antisociaux et même suicides » ; des causes psychologiques auxquelles il faut ajouter des pathologie absentes du milieu sauvage : « maladies pulmonaires dues au chlore, maladies rénales dues aux problèmes d’hydratation », décrivent avec colère les membres d’un collectif de scientifiques dans une tribune du Monde.

Les conséquences de ce malheur physique et physiologique sont souvent graves : l’espérance de vie d’un animal en captivité est moitié moins élevée que sa longévité en milieu naturel (entre 40 et 60 ans pour les dauphins, entre 40 et 90 ans pour les orques). Le stress est également source d’accidents, les animaux captifs étant anormalement violents : les militants citent ainsi l’exemple de Tilikum, une orque comptant trois « meurtres » à son actif.

Progrès de la législation

Face à cette situation, de nombreux pays ont réagi en interdisant l’élevage en captivité, ainsi que les spectacles aquatiques, à l’instar de Chypre, de la Hongrie ou du Royaume-Uni. En France, l’inaction du gouvernement a longtemps scandalisé les associations de protection, mais récemment, de grands progrès ont été accomplis.

Ainsi, l’arrêté interministériel sur les « les règles de fonctionnement des établissements détenant des cétacés », validé en mai dernier, a imposé aux parcs des règles draconiennes pour garantir le bien-être des animaux. Dans les lignes du texte, on trouve notamment l’obligation de doter les bassins de zones d’ombres et de courants rappelant l’océan, l’interdiction du chlore dans l’eau, et l’augmentation des surfaces de vie des animaux (3 500 m2 pour les orques, et de 2 000 m2 pour les dauphins, contre 800 m2 pour l’ensemble des cétacés dans la législation de 1981).

« C’est un progrès pour les animaux et nous sommes satisfaits que l’arrêté aboutisse. Nous avons grappillé de nombreuses avancées depuis sa première version, il y a un an », avait alors commenté Florian Sigronde, chargé du dossier à la Fondation Droit animal. Une semaine après sa publication, l’arrêté a été encore enrichi, avec l’interdiction complète de la reproduction en captivité, pour les orques et pour les dauphins. Une nouvelle accueillie avec amertume au Marineland d’Antibes, où l’on invoque le stress induit chez les dauphins par la contraception et la séparation entre mâles et femelles.

Une goutte d’eau dans la mer

Cette avalanche de bonnes nouvelles pour les animaux marins ne doit pas occulter le sort encore critique d’autres animaux en captivité, beaucoup plus nombreux. Dans les multiples cirques de France, ce sont ainsi plusieurs centaines d’animaux qui vivent parfois dans des conditions déplorables, victimes de l’ennui et d’occasionnelles maltraitances. Daniel Turner, chargé d’une enquête sur les zoos français, dénonce :

« Une majorité de zoos manquent à leurs obligations en termes de conservation des espèces, d’éducation du public et de santé et bien-être des animaux, tels que le requièrent les lois nationales et internationales. »

En matière de bien-être animal, plus d’efforts doivent être menés par la législation pour le garantir systématiquement (interdiction de l’élevage en captivité, obligation de reproduire un véritable habitat naturel, agrandissement des zones de vie) ; l’atteinte de cet objectif passera également par une meilleure éducation au respect des animaux, à l’école mais aussi dans les zoos. « Qu’apprendra l’enfant sur les modes de vie d’un ours blanc, en captivité dans une piscine de verre, sur une fausse banquise en béton, par 30 °C à l’ombre, et mangeant de la viande préparée ? », s’interroge à raison Franck Schrafstetter, de l’ONG Code animal.

Crédits photo : Seaworld

Manifeste numéro 1

Pour commander notre Manifeste, cliquez sur l’image !

Antoine Puig

Faire un don
"Le plus souvent, les gens renoncent à leur pouvoir car ils pensent qu'il n'en ont pas"

Votre soutien compte plus que tout

Découvrez Forêts, un livre puissant qui va vous émerveiller

Forêts est le seul livre en France qui propose un tour d’horizon aussi complet sur le monde végétal. Pour comprendre comment protéger le cycle de l’eau, notre livre «Forêts», écrit par Baptiste Morizot, Thierry Thevenin, Ernst Zurcher et bien d’autres grands noms, vous donne toutes les clés de compréhension pour comprendre et vous émerveiller sur la beauté de nos végétaux.

Pour comprendre et savoir comment protéger le cycle de l’eau, notre livre «Forêts» est fait pour vous.

Articles sur le même thème

Revenir au thème

Pour vous informer librement, faites partie de nos 80 000 abonnés.
Deux emails par semaine.

Conçu pour vous éveiller et vous donner les clés pour agir au quotidien.

Les informations recueillies sont confidentielles et conservées en toute sécurité. Désabonnez-vous rapidement.

^